Le Nouveau Monde : les grands personnages

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"Calamity Jane"

1852 - 1903

Personnalité de la conquête de l'Ouest

Insaisissable, fantasque, dure au mal, et secrète, elle fut tour à tour poseuse de rails, éclaireuse du général Custer, convoyeuse de bétail et conductrice de diligence !

Au travers d'un voyage sur les traces de Calamity Jane, c'est le mythe de l'Ouest sauvage américain, de ses héros devenus légendes vivantes que vous allez parcourir aujourd'hui. De l'Utah au Wyoming, en passant par le Dakota, vous suivrez à la trace celle qui fut l'une des seules femmes à participer aux opérations militaires de Custer.

Sa jeunesse

Martha (ou Marthy) Jane Cannary-Burke, plus connue sous le nom de "Calamity Jane" est née le 1er mai 1852 à Princeton dans le Missouri. Elle était l’aînée d’une famille de six enfants, deux garçons et quatre filles. Son père Robert Cannary probablement mormon, était prédicateur et pensait qu'il pouvait combattre la Nation Indienne toute entière avec la bible.

En 1865, sa famille émigra du Missouri vers Virginia City, au Montana, elle avait alors treize ans. Au cours du voyage qui dura cinq mois, à bord d'un chariot. La mère de Martha Jane, Charlotte Cannary apportait un revenu supplémentaire à la famille en faisant la lessive dans les camps de mineurs alentour. Elle mourut d'une pneumonie des lavendières, à Black Foot au Montana, en 1866.

Peu après être arrivée à Virginia City, la famille partit au printemps 1866 en direction de l'Utah et arriva à Salt Lake City en été. Le groupe familial resta là pendant un an jusqu'à la mort de leur père en 1867, près d’un an après sa femme. En tant qu'aînée des enfants, Martha Jane prit la tête de la famille et emmena ses frères et sœurs dans le Territoire du Wyoming.

Sur ce territoire de la frontière, Martha Jane devint adulte recevant peu ou pas d'éducation officielle.

Enfant, elle aimait l'aventure et apprit à monter à cheval, arrivant bientôt à dresser les plus sauvages. Son biographe, Doris Faber écrit que pendant le voyage de migration de sa famille, alors qu'elle n'avait que 13 ans, Martha Jane parlait aussi grossièrement qu'un homme et apprit à aimer le whisky, ce qu'elle confirme dans son autobiographie écrite en 1896.

"While on the way, the greater portion of my time was spent in hunting along with the men and hunters of the party; in fact, I was at all times with the men when there was excitement and adventures to be had. By the time we reached Virginia City, I was considered a remarkable good shot and a fearless rider for a girl of my age. I remember many occurrences on the journey from Missouri to Montana. Many times in crossing the mountains, the conditions of the trail were so bad that we frequently had to lower the wagons over ledges by hand with ropes, for they were so rough and rugged that horses were of no use.

"We also had many exciting times fording streams, for many of the streams in our way were noted for quicksands and boggy places, where, unless we were very careful, we would have lost horses and all. Then we had many dangers to encounter in the way of streams swelling on account of heavy rains. On occasions of that kind, the men would usually select the best places to cross the streams; myself, on more than one occasion, have mounted my pony and swam across the stream several times merely to amuse myself, and have had many narrow escapes from having both myself and pony washed away to certain death, but, as the pioneers of those days had plenty of courage, we overcame all obstacles and reached Virginia City in safety".

Martha Jane se distingua des autres femmes en ceci qu'elle pouvait travailler et fréquenter les plus endurcis "frontiersmen" : en recherchant de l'or, en buvant dans les bars, en parlant et s'habillant comme un homme, elle était généralement bien acceptée par eux.

Calamity éclaireuse de 1870 à 1876

Début de sa vie aventureuse et solitaire Calamity Jane

Après le décès de ses deux parents, laissée à elle-même dès son jeune âge, Martha quitte les Mormons à l'âge de 15 ans pour voler de ses propres ailes. C'est alors que commença sa vie aventureuse et solitaire.

Elle se rend dans le Territoiree du Wyoming : d'abord à Fort Bridger où elle arrive le 1er mai 1868; puis à Piedmont sur le trajet de l' "Union Pacific Railway" qui était encore en chantier. Selon des observateurs de l'époque, Martha Jane attirait l'attention, elle est décrite par certains comme "extrêmement attrayante" et par d'autre comme "une jolie fille aux yeux foncés".

En 1870, elle se rend à Fort Russell où elle dit avoir rejoint le General George Custer comme éclaireuse pour participer à la campagne contre les Indiens en Arizona. Cependant il n'est pas sûr que Custer se trouvait à Fort Russell à ce moment; selon une autre source il parait plus probable qu'elle servait sous les ordres du General George Crook, qui stationnait à Fort Fetterman dans le Wyoming. C'est là qu'elle commence à s'habiller comme un homme :

"Up to this time, I had always worn the costume of my sex. When I joined Custer, I donned the uniform of a soldier. It was a bit awkward at first, but I soon got to be perfectly at home in men's clothes".

On raconte que Martha Jane se déguisa en homme par hasard. Dans son travail avec l'armée, l'uniforme était nécessaire non seulement pour mieux effectuer ses missions, mais aussi pour être acceptée.

En Arizona, durant l'hiver 1871, Martha Jane eut à exécuter "un grand nombre de missions au contact des Indiens, pour une éclaireuse j'avais de nombreuses missions dangereuses à exécuter et, alors que j'étais dans des endroits proches du danger, j'ai toujours réussi à m'en sortir indemne car à l'époque j'étais considérée comme la cavalière la plus insouciante et la plus audacieuse et une des meilleures gâchettes de l'ouest".

Origine de son surnom

Après cette campagne Martha Jane retourna à Fort Sanders dans le Wyoming, où elle resta jusqu'au printemps 1872, "quand nous avons reçu l'ordre d'aller combattre les Indiens à Muscle Shell ou à Nursey Pursey". Les Généraux Custer, Miles, Terry et Crook étaient tous engagés dans cette campagne qui dura jusqu'au printemps 1873. C'est durant cette campagne qu'elle raconte qu'elle reçu son surnom :

"It was on Goose Creek, Wyoming, where the town of Sheridan is now located. Captain Egan was in command of the Post. We were ordered out to quell an uprising of the Indians, and were out for several days, had numerous skirmishes during which six of the soldiers were killed and several severely wounded. When on returning to the Post, we were ambushed about a mile and a half from our destination. When fired upon, Captain Egan was shot. I was riding in advance and, on hearing the firing, turned in my saddle and saw the Captain reeling in his saddle as though about to fall. I turned my horse and galloped back with all haste to his side and got there in time to catch him as he was falling. I lifted him onto my horse in front of me and succeeded in getting him safely to the Fort. Captain Egan, on recovering, laughingly said: 'I name you Calamity Jane, the heroine of the plains.' I have borne that name up to the present time".

En fait rétrospectivement personne ne pense que la version de Martha Jane soit la bonne.

Rencontre de Wild Bill Hickock

Après cette campagne le régiment fut envoyé à Fort Custer (l'actuelle Custer City) où elle arriva au printemps 1874. Puis elle rejoint Fort Russell à l'automne. Le printemps suivant elle fut la première femme blanche à pénétrer dans les "Black Hills", dans le Territoire du Dakota du Sud, les montagnes sacrées contrôlés par les Sioux, pour protéger les mineurs et les colons jusqu'à l'automne 1875 et passa l'hiver à Fort Laramie. Le printemps suivant, le régiment dut se rendre à Big Horn River avec le General Crook, pour rejoindre les Généraux Miles, Terry et Custer .

Durant ce voyage, elle dû traverser à la nage la Platte River à Fort Fetterman et tomba gravement malade. Elle fut rapatriée au Fort Fetterman où elle resta deux semaines pour se soigner.

Après avoir récupéré, elle se mit en route pour Fort Laramie. Là, elle rencontra James Butler "Wild Bill" Hickok. Elle fit la route avec lui et d'autres compagnons jusqu’à Deadwood au Dakota du Sud, où ils arrivèrent en juin 1876. Puis elle assura la liaison, en qualité de courrier, entre Custer, encore dans les "Black Hills", et Deadwood. Un jour d’août 1876, son ami Wild Bill Hickock, fut tué d’une balle dans le dos dans un saloon de Deadwood. Bien que l’on prête à Calamity Jane une aventure avec ce dernier, il semblerait qu’ils n’aient été en fait que de très bons amis, sans plus. Hickok venait juste de se marier en avril avec Agnes Lake Thatcher. Il cherchait surtout à gagner rapidement de l'argent non pas en recherchant de l'or mais en jouant.

Elle serait alors partie à la recherche de l’assassin, un nommé Jack McCall, et l’aurait attrapé pour le livrer à la justice. Mais celui-ci s’échappa. Il fut repris quelque temps plus tard, jugé puis pendu

Martha Jane est restée quelques temps à Deadwood se rendant d'un camp à l'autre jusqu'au printemps 1877.

En 1878, une épidémie de variole s'est déclarée à Deadwood. Huit hommes ont été mis en quarantaine dans une cabane dans la montagne à "White Rocks". Martha Jane se porta volontaire pour les soigner. trois des hommes sont morts et elle les enterra en récitant la prière : "Now I Lay Me Down to Sleep".

El Paso Texas, Changement de vie Calamity Jane ridind (WWS)

Peu après cet épisode Martha Jane quitta Deadwood avec le Septième de Cavalerie pour Bear Butte Creek. Ils construisirent Fort Meade et la ville de Sturgis au cours de l'automne et de l'hiver. L’année suivante, en1878, elle fit un peu de prospection d'or à Rapid City . Puis en 1879, elle fit la navette entre différentes villes (Rapid City vers Fort Pierre et de Fort Pierre à Sturgis) avec un attelage de bœufs, les animaux les plus résistants et plus adaptés que les chevaux pour ce genre de trajets dans cette région.

En 1881, Jane se rendit au Wyoming; retournant à Miles City en 1882 où elle entreprit de s'occuper d'un ranch dans le Yellow Stone pour élever du bétail. Elle a également gardé une auberge dans laquelle le voyageur fatigué pouvait trouvé la nourriture et la boisson. Elle a laissé cette activité en 1883, pour voyager à l'ouest et atteindre Ogden en Californie vers fin 1883, puis San Francisco en 1884.

En 1885, ayant assez voyagé seule, elle songea à prendre un compagnon pour le restant de ses jours; à El Paso, elle rencontra Clinton Burke, un texan avec lequel, selon ses dires, elle se maria en août 1885, et dont elle aurait eu une fille née le 28 octobre 1887 (dont le prénom n'est pas connu).

"On October 28th, 1887, I became the mother of a baby girl, the very image of its father, at least that is what he said, but who has the temper of its mother".

Les biographes de Calamity Jane pensent que son mariage aurait eu lieu en 1891. Bien qu'elle ne dise rien des autres hommes qu'elle a rencontré ou d'autres enfants, certains pensent qu'elle eut de nombreux amants.

Ils partirent du Texas pour Boulder au Colorado où ils tinrent un hôtel jusqu'en 1893. Puis ils voyagèrent de nouveau encore de ville en ville pour revenir à Deadwood, en octobre 1895, 17 ans après en être partis.

"My arrival in Deadwood after an absence of so many years created quite an excitement among my many friends of the past, to such an extent that a vast number of the citizens who had come to Deadwood during my absence, who had heard so much of Calamity Jane and her many adventures in former years, were anxious to see me. Among the many whom I met were several gentlemen from eastern cities who advised me to allow myself to be placed before the public in such a manner as to give the people of the eastern cities an opportunity of seeing the Woman Scout who was made so famous through her daring career in the West and Black Hill countries. ... My first engagement began at the Palace Museum, Minneapolis, January 20th, 1896, under Kohl and Middleton's management".

Ses anciens amis furent ravis de la revoir et certains voulurent mettre par écrit ses aventures et d’autres lui proposèrent de les jouer.

Le Wild West Show et les dernières années de sa vie 1884-1903

Entre temps, son mari l’avait laissée. Elle fut alors engagée au Palace Museum de Minéapolis en janvier 1896. Elle participa ensuite à plusieurs spectacles des "Wild West Shows".Calamity Jane, dernières années

Elle a rédigé sa biographie en 1896. Cette biographie a rendu la tâche très difficile aux historiens qui ont tenté de comprendre l’histoire de la vie de Calamity Jane. Les informations et les dates contenues dans sa biographie se sont révélées parfois contradictoires et parfois fausses. Elle a notamment écrit sur ses histoires d’amour avec les hommes et sur ses aventures.

Les dernières années de sa vie sont marquées par la pauvreté. En 1901 elle se produit à l'Exposition Pan-American à Buffalo, dans l'Etat de New York où elle vendait des copies de son autobiographie . Il semble que l'abus de boisson lui donna des ennuis avec la police et Buffalo Bill lui prêta de l'argent pour pouvoir retourner chez elle.

A 51 ans, Calamity Jane retourna à Deadwood. Elle se rendit à Terry, près de Deadwood, Dakota du Sud, où elle séjourna à l'hôtel Calloway où plusieurs amis vinrent la voir. Elle y est morte le 1er août 1903. Deux de ses amis transportèrent son corps de la ville de Terry à Deadwood, et ce sont les membres de la Société des Pionniers des Black Hills qui organisèrent ses funérailles lui rendant un dernier hommage. Son cercueil fut fermé par un homme qu’elle avait soigné, alors qu’il était enfant, au moment où une épidémie de variole sévissait à Deadwood.

Tombe de Calamity Jane
Tombe de Calamity Jane

Elle fut enterrée au "Mont Moriah Cemetery" (le cimetière de Deadwood), à côté de Wild Bill Hickock, comme elle l'avait demandé.

"Bury me beside Wild Bill - the only man I ever loved".

 

Aventurière du XIXe siècle devenue une légende pendant la conquête de l’Ouest. Elle nous laisse l’image d’une femme hors normes, libre et solitaire, capable de pister les Amérindiens, de tuer du gibier et de tirer à la Winchester . Mais l’écriture des Lettres à sa fille brise ce faux-semblant et met à jour un personnage qui voue sa vie à l’écriture.