Nouveau Monde : les amérindiens

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Chef Victorio

Chef des Warms Springs Apache

Dans l'immense secteur couvert par les régions de Chihuahua et Sonora au vieux Mexique, l'ouest du Texas et le sud du Nouveau-Mexique, il y avait autrefois bien peu de noms aussi redoutés vers la fin des années 1870 que celui de Victorio, le chef de guerre Mimbres Apache.

Considéré comme le plus efficace de tous les guerriers Apaches, Victorio a manœuvré et combattu les forces militaires envoyées contre lui à partir des deux côtés de la frontière. Comme plusieurs grands dirigeants de l'histoire, il possédait un instinct naturel pour la vitesse d'esprit. Il est devenu une sorte de fantôme insaisissable pour tous ceux qui cherchaient à se débarrasser de lui. Un officier de l'armée le qualifiait même du plus grand chef guerrier à avoir vécu sur le continent.

Physiquement, Victorio était un Apache typique, bien qu'il était plus solidement charpenté que la plupart des autres. L'inspecteur aux affaires indiennes John Kimball le décrivait comme petit et corpulent, avec une lourde et solide mâchoire inférieure, et l'œil d'un politicien. Vêtu d'une chemise en calicot noirci et des pantalons rudes, sans peintures corporelles, ni plumes ou bijoux d'aucune sorte.

On pense que Victorio est né dans la région de Black Range, dans le sud-ouest du Nouveau-Mexique, probablement vers 1825. Une rumeur faisait même de lui un Mexicain d'origine, capturé par les Apaches alors qu'il n'était qu'un jeune garçon. Un doute subsiste encore à ce sujet.

Comme la plupart des Indiens de cette époque, on connaît peu de choses sur l'enfance de Victorio. Dans les années 1850, il commença à faire parler de lui comme un guerrier très prometteur. Il grava ses lettres de noblesse au cours de plusieurs raids au Mexique. À cette époque des bandes d'Apaches se glissaient régulièrement de l'autre côté de la frontière pour piller ou chercher vengeance contre des atrocités commises par des Mexicains envers leur peuple. On ne pardonnait pas et la brutalité se faisait sentir des deux côtés.

La découverte d'or dans la région de Pinos Altos, dans le sud-ouest du Nouveau-Mexique, au printemps de 1860 eut de profondes répercutions sur les relations entre les Blancs et les Apaches. Les prospecteurs amenèrent avec eux leurs étranges coutumes influencées par le whisky, leur tempérament meurtrier et avec leur tendance à interrompre le mode de vie des Indiens. Les Apaches, en revanche, ne se gênaient pas pour voler les chevaux et autres animaux d'élevage ou d'attaquer les prospecteurs.

Maitre tacticien

En décembre 1860, un groupe de mineurs attaqua quelques Apaches pacifiques sur la Mimbres River. Ils croyaient que ces Indiens leur avaient volé une mule. Plus tard, l'armée confisqua les biens des Apaches, question de payer l'amende sur ce qu'ils avaient apparemment dérobé aux mineurs. L'incident souleva l'indignation de Victorio et cela l'incita à déterrer la hache de guerre.

Lorsque la Guerre Civile éclata quelques semaines plus tard et que les troupes furent rappelées dans l'Est, Victorio, tout comme d'autres leaders Apache, tira avantage de cette situation en faisant la pluie et le beau temps sur le territoire. On croit que Victorio se trouvait avec Cochise et Mangas Coloradas à la Bataille de Apache Pass en 1862.

Après la mort de Mangas en 1863, Victorio grimpa les échelons jusqu'à devenir le chef des Eastern Chiricahuas. Chef VictorioEn formant un groupe d'élite de guerriers, Victorio passa les deux années suivantes pratiquer des raids dans la Rio Grande Valley et au Mexique.

Première "Paix"

En 1865, Victorio avait atteint un niveau impressionnant d'expérience au combat et il exprima sa bonne volonté en envisageant d'abandonner ses croisades et de s'installer quelque part, offrant à son peuple un endroit convenable pour vivre en paix. En 1870, le gouvernement établissait une réserve à Ojo Caliente qui allait soi-disant satisfaire les besoins des Apaches. Ils y restèrent durant quelque temps dans des conditions plus ou moins satisfaisantes.

En 1877, dans un effort pour obtenir plus de contrôle sur le peuple Apache, le gouvernement décida que toutes les bandes devaient être concentrées sur la réserve de San Carlos, dans l'est de l'Arizona. Cette décision reflétait très peu de compréhension de la culture Apache. D'abord, la région de San Carlos était chaude, stérile et malsaine; de plus, on retrouvait une certaine tension entre les différentes bandes Apaches. Victorio accepta de déménager mais avec un autre leader guerrier nommé Loco, il quitta la réserve en septembre.

Les Apaches se déplacèrent vers l'Est à travers la région montagneuse de l'est de l'Arizona jusqu'au Nouveau-Mexique. Ils faisaient des raids lorsqu'une opportunité se présentait. La police de San Carlos et un contingent d'éclaireurs Apaches les prirent alors en chasse. Toutefois, les bandes de Victorio et de Loco demeuraient toujours hors de leur portée. Mais à la fin du mois, la plupart en ayant assez de cette cavale, se rendirent aux autorités du Fort Wingate, dans le nord-ouest du Nouveau-Mexique. Ils demandèrent seulement qu'on leur permette de retourner à Ojo Caliente. Le Colonel Edward Hatch, commandant du District du Nouveau-Mexique, accéda à leur demande en se fiant sur leur parole.

Par contre, Victorio n'était pas encore près à laisser tomber les bras. Avec son petit groupe de fidèles il se glissa jusqu'au Mexique pour reprendre ses attaques et terroriser le sud de la frontière.

Seconde "Paix" et Réserve de San Carlos

En février 1878, Victorio traversa la frontière et se livra lui-même aux autorités à Ojo Caliente, où on lui permit de rester tandis que l'armée et le Département de l'Intérieur cherchaient à reloger les Apaches. Durant un certain temps, on étudia la possibilité de les envoyer au Fort Sill, en Territoire Indien. Mais en octobre on décida de les retourner à San Carlos. Encore une fois, Victorio fugua vers le sud, cette fois avec environ 80 guerriers. Quant à Loco, il se laissa conduire avec les autres jusqu'à la réserve de San Carlos.

Le scénario fut le même que l'année précédente. Après un hiver à rôder entre Chihuahua et le Nouveau-Mexique, Victorio rentra en février 1879, demandant à ce que lui et ses guerriers puissent demeurer à Ojo Caliente. Il était prêt à ce qu'on l'envoie n'importe où, à l'exception de San Carlos. Après avoir étudié le dossier encore une fois, leur choix s'arrêta sur la réserve Mescalero. Au début, Victorio refusa, mais il finit par se soumettre à la décision, en demandant que les familles de ses guerriers puissent les rejoindre à partir de San Carlos. Le gouvernement accepta.

La guerre de Victorio : "Ambush in Massacre Canyon" 1879-1880

En septembre 1879, la nouvelle atteignit les oreilles de Victorio à l'effet que les autorités de Silver City, Nouveau-Mexique, le recherchaient pour meurtre et vol de chevaux. Convaincu que les hommes de loi se lanceraient à ses trousses pour ensuite lui faire sa fête, Victorio rassembla sa bande et se dirigea une fois de plus vers les montagnes où, dans les mois qui suivirent, il fut rejoint par d'autres Mescaleros et Chiricahuas mécontents du sort que leur réservaient les Blancs. Mais cette fois, pour Victorio, il n'était plus question de revenir en arrière. Il en avait assez de toute cette comédie gouvernementale.

Avec la nouvelle que Victorio avait pris le large, l'armée envoya des patrouilles à travers le sud-est de l'Arizona et aussi dans le sud-ouest du Nouveau-Mexique. Quand l'armée tenta de violer son sanctuaire dans les Mimbres Mountains, il frappa sauvagement.

Le 4 septembre 1879 à Ojo Caliente en Arizona

Victorio Ojo Caliente et ses 150 guerriers tendirent une embuscade, à une patrouille de la 9e Cavalerie du Colonel Hatch qui eut 5 tués et auxquels ils volèrent 46 chevaux, de même qu'à un contingent d'éclaireurs Navajos. Le combat fut rude et il dura toute la journée. Huit soldats furent tués et deux autres blessés, de même qu'un bon nombre de chevaux et de mules, avant qu'ils puissent s'extirper de cette situation.

Le 10 septembre 1879, ce jour là, 9 colons furent tués par la bande de Victorio.

Le 16 septembre 1879 Black Range Moutains Nouveau-Mexique

Des soldats tombent dans une embuscade et sont piègés par les guerriers de Victorio, secourus par les Compagnies C et G après un jour de combat, les soldats arrêtèrent le combat, laissant 5 soldats, 3 éclaireurs et 32 chevaux morts.

En novembre, The Candelaria Moutains au Mexique

Une force mexicaine constituée de 50 hommes tomba dans une autre embuscade au cour des Candeleria Mountains et ils furent presque tous anéantis. Le bilan s'éleva à 26 morts et 18 blessés.

Victorio rôdait avec sa bande des deux côtés de la frontière dans la Rio Grande Valley, apparaissant soudainement pour faire un raid et incendier des demeures avant de disparaître comme par enchantement. Les autorités mexicaines autant qu'américaines étaient désespérées. En Arizona, les troupes du Général Orlando Willcox couvraient le secteur sud-est, alors que Hatch avait ordonné à sa 9e Cavalerie de patrouiller la zone sud du Nouveau-Mexique. Malgré ces intenses recherches, Victorio restait introuvable. Et lorsque les soldats tombaient sur lui, c'était souvent pour le regretter rapidement.

Entre le 9 janvier et mai 1880: Retour aux États-Unis et poursuite

Au début de 1880, Victorio passa au nord de la frontière, revenant sur le sol américain. Des troupes de l'Arizona et du Nouveau-Mexique le pourchassèrent avec vigueur, ce qui occasionna plusieurs petites escarmouches. Ces affrontements ne faisaient que quelques blessés, mais ils entraînaient une grande frustration pour les officiers. En effet, ils se demandaient encore comment ces Indiens parvenaient à leur échapper sans arrêt sur un terrain couvert de patrouilles.

En mars 1880, Hatch lança une campagne offensive dans laquelle il fondait beaucoup d'espoir. Les rapports qu'il recevait indiquaient que Victorio se cachait dans le Hembrillo Canyon, dans les San Andreas Mountains. Hatch conduisit alors une colonne à partir de Aleman et un deuxième groupe partit du Fort Stanton. Une troisième colonne se mit également en route en provenance du Texas. Ils bloquaient ainsi toute chance de fuite. Cette fois, le redoutable Victorio ne pourrait pas s'en sortir.

La colonne provenant du Fort Stanton, agissant sous le commandement du Capitaine Henry Carroll, eut le malheur de boire de l'eau contaminé au gypse en cours de route. Lorsque les soldats malades surprirent le campement de Victorio, les Apaches comprirent rapidement leur état lamentable et ils les repoussèrent facilement. Heureusement pour ces tuniques bleues, Hatch et ses hommes arrivèrent juste à temps pour les relever et poursuivre l'offensive. Mais ce mouvement permis néanmoins à Victorio de s'échapper encore une fois.

Cette interminable poursuite commençait à irriter fortement les infatigables Apaches. Pour Victorio et ses guerriers, la réserve Mescalero représentait leur unique source d'approvisionnement en armes, en munitions, en chevaux et en provisions. En apprenant cela, l'armée leur bloqua tout simplement l'accès à la réserve Mescalero, obligeant les Indiens à se tourner vers les ranchs pour s'approvisionner.

En mai 1880

Un détachement d'éclaireurs Apaches localisa le camp de Victorio dans le Palomas Canyon, au nord de ce qui est aujourd'hui Hillsboro au Nouveau-Mexique. Les éclaireurs n'étaient pas assez nombreux pour faire face aux fugitifs, alors ils envoyèrent un messager jusqu'à Hatch, demandant des renforts de toute urgence. Mais le message demeura sans réponse. Pourquoi Hatch a-t-il refusé d'apporter des renforts aux éclaireurs? Cela reste malheureusement un mystère. La presse locale le critiqua fortement par la suite. Malgré tout, les éclaireurs donnèrent du fil à retordre aux guerriers de Victorio. Plusieurs d'entre eux furent tués et même Victorio fut apparemment blessé à une jambe. Lorsque la fumée des armes se dissipa, les Apaches avaient encore disparus.

L'armée continua la chasse en postant des soldats à tous les points d'eau imaginables, mais aucune trace de Victorio.

Le 12 mai, Bass Canyon à l'ouest de Fort Davis

Huit guerriers Mescalero attaquent un train tuant deux colons et en blessant deux autres. Les Soldats les poursuivirent certains qu'ils allaient rejoindre Victorio.

Juillet 1880

Eagle Springs, Texas

Les 3 hommes du Lieutenant Henry Flipper repèrent la garde de Victorio qui semble marcher en direction de Eagle Springs. Mais Victorio ruse et se dirige vers Rattlesnake Springs plus au nord-ouest où le Lieutenant H. Flipper le poursuit.

Le 30 juillet 1880 Tinaja de las Palmas

Ce matin là, Tinaja de las Palmasle Colonel Benjamin Grierson avec six de ses hommes, occupent une crête rocheuse à l'est de Quitman Canyon en direction de San Antonio - el Paso Road. Le site était connu sous le nom de Tinaja de la Palmas. Ils attendaient les hommes de Victorio qui étaient à la recherche d'eau. Vers 9 heures du matin, Victorio et une centaine de guerriers approchèrent. La bataille dura plus de 4 heures, et les Apaches battirent finalement en retraite, au delà du Rio Grande, lorsque des renforts de deux Compagnies de Cavalerie arrivèrent sur les lieux. Il yeu des morts et des blessés des deux côtés.

 

 

Août 1880

Le 6 août août 1880, Rattlesnake Springs au Texas

Les soldats étaient aux aguets. Rattlesnake SpringsEn milieu d'après-midi leur longue attente fut récompensée. Mais Victorio sentant le danger arrêta ses hommes. Les soldats ouvrirent le feu. A la recherche d'eau et pensant que les soldats étaient peu nombreux, Victorio attaqua. Les soldats ripostèrent, ralentissant un moment l'avance des Indiens. Pendant ce temps une forte unité de la bande de Victorio déroba un train militaire contenant des réserves d'eau. Finalement, dans l'obscurité dans l'attente d'atteindre l'eau; Il échoua. victorio et ses guerriers battirent en retraite

 

Le 11 août 1880 Alliances des forces US et Mexicaines

Les Buffalo Soldiers trouvent Victorio et ses guerriers et les prennent en chasse. Les chevaux des soldats exténués laissent les guerriers de Victorio traverser le Rio Grande River au Mexique. Une fois de plus Victorio échappe aux soldats. Le gouvernement Mexicain autorisa les militaires US à traverser la frontière à la condition expresse qu'il capture Victorio mort au vivant.

Le 14 octobre 1880 Tres Castillos Mountains au Mexique, mort de Victorio

Des troupes mexicaines et américaines localisèrent la nouvelle cachette de Victorio dans les Tres Castillos Mountains, au Mexique. Ordonnant aux Américains de partir puisqu'ils ne se trouvaient pas dans leur pays, les Mexicains attaquèrent les Apaches, les tuant tous à l'exception de 17. Cette fois, Victorio comptait parmi les victimes. Les Apaches crurent au suicide de leur héros, alors que d'autres expliquèrent qu'il avait été tué par un Indien Tarahumara, du nom de Mauricio, qui travaillait pour l'armée mexicaine.

Bien que les survivants insistaient pour dire que Victorio avait trouvé la mort au cours de cette bataille, des rumeurs persistèrent quant à son évasion. Comme Butch Cassidy et Sundance Kid, Victorio était un nom trop puissant pour disparaître sous une mort aussi banale.

Qu'il soit mort à Tres Castillos ou non, ce grand chef Apache a laissé une profonde marque dans l'histoire du Sud-Ouest. L'histoire de Victorio reflète aussi à merveille le triste destin des Indiens face à l'invasion des Blancs.