Portraits d'ardéchois

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Eugène VILLARD

1812 - 1882

Poète, écrivain

Eugène Villard est né à Vallon-Pont-d'Arc le 2 mars 1812. Il suit avec suucès de 18923 à 1827 ses premières études au collège d'Aubenas qu'il prolonge ensuite au collège royal de Dijon où il se distingue par l'obte,tion du prix d'excellence de la classe de réthorique. Élève brillant, il obtient à dix-sept ans son baccalauréat et se rend à Paris pour y étudier le droit.

De retour en Ardèche, il reprend en 1840 l'étude de son père notaire à Vallon depuis plusieurs décennies. Sept ans plus tard, en raison d'une santé chancellante il doit renoncer à sa charge notariale.

Le 23 juillet 1848 sur proposition des représentants de l'Ardèche, le gouvernement Cavaignac nomme Eugène Villard sous préfet de Largentière sans que son avis lui soit demandé,. Il eut la surprise d'apprendre sa nomination par les journaux.

Toujours en raison de son état de santé fragile, il démissionne en 1850.

Dès lors il se retire de la vie publique, suscitant autour de lui estime et admiration, pour se consacrer à son amour de la nature et occuper ses loisirs à la publication de plusieurs ouvrages.

L'un de ses ouvrages le plus remarqué, publié en 1872, est celui qu'il a consacré à Olivier de Serres, où il s'indigne contre ceux qui ont accusé l'auteur du Théâtre d'agriculture d'avoir été l'instigateur des massacres commis à Villeneuve-de-Berg le 2 mars 1573 par les calvinistes.

Son dernier livre édité, et plus connu, est un recueil de poèmes intitulé : Les Vallonnaises dans lequel, il peint la nature, la vie rurale dans le sud de l'Ardèche, les mœurs vivaraises, dans un lyrisme qui correspond à la sensibilité de son temps.

Ainsi sa description de la rivière Ardèche témoigne de son émotion forte laissant parler son âme :

Ardèche ! que de fois vers ce désert austère,

Que de fois tu m'as vu, promenant solitaire,

Loin des foules porter mon pas silencieux,

Et rêver, le cœur plein, au murmure de l'onde

qui berce, confondus dans la coupe profonde,

L'ombre des bois, l'azur des cieux !

 

Que de fois tu m'as vu gravir de cime en cime,

Mes deux pieds su!r le roc et mon front sur l'abîme,

Tes remparts couronnés de nombreux chênes verts,

Tandis que subissant l'attraction du vide,

Mon regard éperdu cherchait ton flot rapide,

Au fond des gouffres entr'ouverts !

 

Ou bien lorsqu'il peint un tableau saisissant du Pont d'Arc :

Devant cette arche énorme et sa double colline,

Dont la masse imposante et sauvage domine

Un val qui s'arrondit en forme de croissant

Et l'Ardèche aux flots bleus qui fuitb en gémissant,

L'esprit, se reportant aux époques antiques,

Entrvoit de Babel les immenses portiques,

Entasse sur leur front mille étages géants,

Qui s'abreuvent d'azur par leurs arceaux béants,

Et, prolongeant sans fin la sublime spirale,

Fait au morne édifice une couronne astrale.

 

Eugène Villard à la fois romancier, poète et moraliste a également laissé à l'état de manuscrit de nombreuses études tant philosophiques que religieuses. Il s'est aussi adonné à des observations critiques sur divers auteurs, notamment sur Lamartine et Victor Hugo.

De grande taille, sec et maigre, Eugène Villard adoucit son aspect grave et austère par une nature modeste et simple au charme doux et mélancolique.

Eugène Villard s'est éteint à Vallon-Pont-d'Arc le 12 janvier 1882.

Avant de mourir, par un testament olographe, le 7 octobre 1879, il a doté une fondation destinée à encourager les travaux scientifiques et littéraires relatifs au départementde l'Ardèche dont voici un extrait :

"Je donne et lègue au département de l'Ardèche, une somme de 12 000 francs, laquelle sera placée en rente sur l'état français et dont les arrérages accumulés de deux ans en deux ans serviront à fonder un prix qui sera décerné à l'auteur né ou domicilié dans l'Ardèche du meilleur ouvrage scientifique ou littéraire paru dans la dernière période biennale. La préférence sera donnée aux publications spécialement consacrées à notre Ardèche ou ayant pour elle un intérêt particulmier.

Clles dans lesquelle il serait porté atteinte à la morale et aux principes religieux et sociaux devront être rigoureusement rejetés.

Le prix pourra par exception, êttre partagé, soit ex æquo, soit inégalement entre deux écrivains, pourvu toujours qu'ils soient nés ou domiciliés dans l'Ardèche.

C'est au Conseil général du département qu'il appartiendra d'exécuter ces dispositions.

Il n'aura pas besoin pour cela d'étendre le cercle de ses attributions et de s'ériger en académie ; soit qu'il s'inspire du sentiment général, soit qu'il se fonde sur des appréciations individuelles, il lui suffira de rendre ses décisions sans être tenu à en déduire les motifs."

 

Le leg Villard fut accepté par délibération du Conseil général de l'Ardèche le 3 avril 1883.

Le premier prix Eugène Villard fut décerné par le Conseil général en 1885.

Œuvres imprimées d'Eugène Villard :

 

 

- Idéalisme et réalité, Paris, 1840.

- La Physiologie du suicide; Alais, 1842

- Questions notariales, Alais 1843.

- Alba Augusta Helviorum, Alais, 1846.

- De la situation des intérêts agricoles dans l'arrondissement de Largentière, Nimes, 1852.

- Clotilde de Vallons-Chalys : histoire du temps de Charles VII, Paris, Hachette, 1858.

- Impressions morales et religieuses, Paris, Douniol, 1863.

- Au bord de l'Ardèche, Paris, Douniol, 1868.

- Olivier de Serres et son œuvre, Paris, Douniol, 1872.

- Les Vallonnaises, Paris, Douniol, 1876.

Sources

 

- Eugène Villard par Henry Vaschalde, Imprimerie de Jules Céas et Fils, Valnce 1909.

- Le prix Eugène Villard et du Conseil Général de l'Ardèche, plaquette.

- Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, gallica.bnf.fr