Portraits d'ardéchois

Menu

Paule de CHAMBAUD


1584-1639


La Dame de Privas

Elle est à l'origine de ce que l'on a appelé la "guerre des amoureux" et du siège de Privas par Louis XIII en 1629.

L'histoire de Paule de Chambaud, baronne de Privas, n'est pas seulement un épisode qui, de 1580 à 1632, marqua les guerres de religion; c'est aussi la passion d'une femme belle, intelligente, d'un tempérament hors du commun et qui renia sa foi huguenote par amour pour le beau vicomte de Lestrange.

Les troubles en Vivarais sous Louis XIII

L'épisode de la prise de Privas est né d'une intrigue familiale ayant pour cause la rivalité de deux prétendants. En effet, Paule de Chambaud, huguenote, charmante et fortunée châtelaine de Privas, fille du baron de Privas dont le mari avait été tué en 1617 dans les guerres du Piémont, avait le choix entre deux maris. L'un huguenot comme elle, chef des protestants en Vivarais, Joachim de Beaumont, plus connu sous le nom de Brison et gendre de Paule de Chambaud, "aspirait à devenir son mari contre toutes les lois civiles et naturelles"; l'autre beaucoup plus jeune et catholique, Claude de Hautefort, vicomte de Cheilane, fils de René Baron de Lestrange, qu'elle finit par choisir pour époux en 1620.

Les privadois, majoritairement protestants, refusèrent d'avoir à se soumettre à un seigneur catholique, se soulevèrent en 1622, assiégèrent et détruisirent le château (qui n'était pas terminé de construire) puis élirent pour chef son rival Beaumont (Brison). Mais le gouverneur du roi reprend la ville, une forte rébellion à l'autorité royale se manifeste après le mariage de la baronne de Privas. S'ensuivirent des escarmouches, d'un côté comme de l'autre, pendant neuf années, le moment de non-retour arrive quand le Roi lui-même, revenant d'Italie, entend que la ville se soumette.

Beaumont meurt en 1628, son frère est nommé par le duc de Rohan (commandant de l'armée protestante du Languedoc) à le remplacer, mais ce dernier a traité avec le Roi, promettant la soumission du Vivarais. Le duc de Rohan le remplace donc par le marquis de Saint-André Montbrun, chef de l'armée de Privas, qui est d'accord pour que Privas tienne le plus longtemps possible contre les forces du roi afin de gagner le temps nécessaire pour mieux organiser la rébellion protestante dans le midi.

Il fallut l'intervention d'une armée venue du Languedoc avec à sa tête Montmorency pour les mettre à la raison. Mais l'agitation persistait. Le duc de Ventadour annonça son intention de faire raser le Donjon de Jaujac afin d'éviter son occupation par les réformés perturbateurs. Un peu plus tard le duc de Ventadour rassemblait des troupes à Chomérac pour coopérer avec l'armée de Montmorency.

Prise de Privas

Richelieu et Louis XIII estiment le moment venu de détruire Privas pour arrêter la résistance du Midi qui persiste malgré la chute de La Rochelle. Ayant établi leur quartier général respectivement à l'Est et au Sud de Privas, ils assiégèrent la ville avec 20 000 soldats royaux dépèchés pour venir en aide au vicomte de Lestrange.

A l'issue de 16 jours de siège, au cours duquel les privadois résistèrent avec courage à l'armée royale, ceux-ci furent contraints de se rendre le 28 mai 1629. Bon nombre d'entre eux furent alors massacrés sans merci. Privas est prise, incendiée, ses combattants tués, pendus ou envoyés aux galères. Elle met beaucoup de temps à se relever, les habitants ne peuvent revenir s'y installer sans autorisation royale ; l'Édit d'Alais du 27 juin 1629, enlève aux protestants tout pouvoir politique et militaire.

Le châtiment de Lestrange

Quelques années plus tard, en 1632, à la suite d'une sombre affaire de Cour à laquelle il était mèlé, Claude de Hautefort, vicomte de Cheylane et Privas, gouverneur du Puy, commandant en Vivarais pour Monsieur et le duc de Montmorency, fut battu et fait prisonnier par le maréchal de la Force. Conduit au Pont-Saint-Esprit, il fut fouetté publiquement puis exécuté par Machault, intendant de Languedoc, en août 1632, malgré le maréchal de la Force, qui lui avait fait grâce de la vie. Les privadois purent assister à cette humiliation en mémoire de laquelle un pont sur l'Ouvèze fut construit. Cet épisode scella la réconciliation des privadois avec le pouvoir royal.

Source

- Les Commentaires du Soldat du Vivarais par Pierre Marcha, seigneur de Prat.