Le Nouveau Monde : les grands personnages

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Peter Stuyvesant

1611-1672

Dernier directeur général néerlandais à avoir administré la colonie de la Nouvelle-Amsterdam, en Amérique du Nord,

Peter Stuyvesant est le dernier administrateur de la Nouvelle-Néerlande, avant que les anglais ne s'en emparent. C'est un personnage qui a marqué le début de l'histoire de la ville de New York.

Petrus Stuyvesant est né en 1611 ou 1612, probablement à Peperga (Friesland) aux Pays-Bas. Après avoir étudié à l'université de Frankeker aux Pays-Bas, Stuyvesant entre au service de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales dans un bureau à Amsterdam. On l'envoie ensuite en tant qu'agent commercial à Fernando de Noronha, une île située au Nord-Est du Brésil, puis à Curaçao, la plus importante colonie néerlandaise des Caraïbes. Quatre ans plus tard, il est nommé directeur général (gouverneur), et élabore un plan pour s'emparer de l'île de Saint-Martin, alors possession espagnole. Il s'y rend en 1644 et durant la bataille, il s'empare d'un drapeau des Provinces-Unies et saute sur les remparts adverses. Sa jambe droite est emportée par un boulet de cannon. Amputé au dessous du genou, il soutient encore le siège pendant 28 jours, avant d'être rapatrié aux Pays-Bas, où on lui pose une jambe de bois.

Nouvelle-Belgique

À partir de 1615, les territoires compris entre la Virginie et la Nouvelle-Angleterre portent indifféremment le nom de Nouvelle-Belgique (Nova Belgica, en latin) ou de Nieuw-Nederland en néerlandais. En 1624, Pierre Minuit fonde la Nouvelle-Amsterdam sur le site actuel de New York.

Stuyvesant est nommé directeur général de la Nouvelle-Belgique et débarque à Manhattan le 11 mai 1647, en remplacement de William Kieft. À cette époque, la Nouvelle-Belgique s'étendait de la rivière Connecticut jusqu'à la baie du Delaware, englobant une partie des territoires actuels du Delaware, de la Pennsylvanie, du New Jersey, de l'Etat de New York et du Connecticut.

Gestion de la colonie

En arrivant à la Nouvelle-Belgique, Stuyvesant découvre une colonie mal défendue, dont les habitants, querelleurs, s'écartent des valeurs morales de la religion.Peter Stuyvesant Portrait Le nouveau responsable déclare aux colons qu'il les gouvernerait comme "un père vis-à-vis de ses enfants". Soucieux de ne pas saper sa propre autorité, il bannit de la colonie deux hommes qui accusaient son prédécesseur, William Kieft, d'être corrompu et d'avoir déclenché une guerre contre les indiens. Après quoi, Stuyvesant s'attache à ramener l'ordre dans la colonie, avec une série de règlements stricts, concernant notamment le port d'armes et la distribution d'alcool.

Persuadé que la pluralité religieuse constituait un handicap pour l'harmonie de la colonie, il restreint fortement la liberté de culte, vis à vis des communautés n'appartenant pas à l'Eglise réformée hollandaise - des Juifs, des Luthériens et des Quakers.

Il organise un conseil d'administration composé de neuf personnes (Board of Nine) afin de l'aider dans la gestion des affaires. Un de ses membres, Van der Donck, rédige une pétition pour que la Nouvelle-Amsterdam se détache de la tutelle de la Compagnie et soit directement administrée par le gouvernement des Provinces-Unies. Stuyvesant fait arrêter Van der Donck mais doit le relâcher rapidement. Après une querelle judiciaire et légale, Van der Donck est renvoyé à la Hague avec un émissaire de Stuyvesant, afin que le gouvernement central tranche. Ce dernier accorde, par une charte, la création d'une municipalité à la Nouvelle-Amsterdam, sans retirer toutefois ses prérogatives à la Compagnie hollandaise des Indes occidentales. Stuyvesant s'arrange une nouvelle fois pour limiter les pouvoirs des nouveaux responsables en y imposant des hommes de confiance.

Le troisième conseil de la Nouvelle-Belgique est formé en 1653, mais ses délégués, représentant huit villes, expriment à leur tour des doléances, critiquant le pouvoir de Stuyvesant et la mainmise de la Compagnie.

Politique extérieure

Le directeur général doit également faire face aux autres puissances coloniales. Au sud de la Nouvelle-Amsterdam se trouve la Nouvelle-Suède, créée en 1638. Dès 1651, Stuyvesant fait construire Fort Casimir à proximité du Fort Christina appartenant aux Suédois. Après que Fort Casimir eût été attaqué et pris par les Suédois en 1654, Stuyvesant envoie sa flotte dans le fleuve Delaware et s'empare de toutes les places fortes ennemies, annexant la colonie de Nouvelle-Suède en 1655. Cette colonie devait son nom au premier gouverneur suédois, Thomas West, baron de La Warr (d'où Delaware).

Peter Stuyvesant Statue
Petyer Stuyvesant Directeur General de la New Amsterdam (1647)

La menace suivante provient de la Nouvelle-Angleterre. En 1650, Stuyvesant s'était rendu à Hardford, dans le Connecticut, afin de négocier une ligne de partage. Le Traité de Hardford satisfaisait aux exigences des deux colonies, mais pas aux nations mères. En 1653, la guerre éclata entre l'Angleterre et les Provinces-Unies. Les défenses de la Nouvelle-Amsterdam furent consolidées par un mur fortifié (à l'emplacement de la future Wall Street). En 1654, Oliver Cromwell, alors dirigeant de l'Angleterre, mit fin à la guerre et promit de ne pas attaquer la Nouvelle-Belgique. En revanche, lorsque Charles II d'Angleterre remonta sur le trône, il "offrit" à son frère, le Duc d'York (futur roi Jacques II), un vaste territoire comprenant une bonne partie des possessions néerlandaises, sans tenir compte des promesses du précédent gouvernement.

En 1663, Peter Stuyvesant fait construire un mur de bois, à l'emplacement de Wall Street, pour protéger la ville des agressions indiennes, et en capturant les Indiens pour les vendre comme esclaves dans les Antilles.

En 1664, la rivalité maritime entre Hollandais et Anglais s'achève par la victoire de ces derniers. Sous les ordres du Duc, le colonel Richard Nicolls organisa une expédition disposant de quatre navires de guerre. Les tentatives de Stuyvesant pour organiser la défense de la colonie furent vaines, pour deux raisons principales. En 1647, la population de la Nouvelle-Belgique comptait entre 1500 à 2000 habitants, mais en 1664 la population de la colonie hollandaise avait déjà atteint 10 000 habitants, alors que la ville de la Nouvelle-Amsterdam en comptait 1600. Quant à l'île de Manhattan (appelée Lange Eylandt devenue Long Island), elle abritait une douzaine de villages dans lesquels vivaient des familles hollandaises, flamandes, wallonnes et anglaises (la moitié de la population). Sur les dix mille habitants que comptait la Nouvelle-Belgique, la moitié étaient déjà des anglais, dont nombre avaient fui la répression puritaniste qui sévissait en Nouvelle-Angleterre. D'autre part, Nicholls sut se montrer habile, en promettant à chaque défenseur hollandais 50 acres (202,000 m²) de terre afin qu'il devienne fermier après la reddition. Sous la pression des colons et des anglais, Stuyvesant finit par signer le document livrant la colonie aux anglais le 8 septembre 1664, sans avoir réellement combattu. Elle est aussitôt rebaptisée New York. Mais comme dans Harlem ou Broadway ("Breede Wegh" en néerlandais), la toponymie actuelle conserve beaucoup de souvenirs de la période hollandaise. 1664 voit la fondation de la colonie du New-Jersey.

Le gouverneur rentra aux Pays-Bas pour justifier son action, puis retourna à Manhattan en 1668, où il s'installa sur les terres qu'il avait achetées en 1651, dans le quartier qui est maintenant connu sous le nom de Bowery. Il y mourut en février 1672. Il est enterré dans la partie sud de l'église Saint Mark de Manhattan.

Sources