Promenades en Ardèche

Menu

L'Ardèche un étonnant département français de la région Rhône-Alpes

Brève Histoire du Vivarais (1ère partie)

d'après  Ardèche  : Encyclopédie Bonneton par Franck Brechon, Michel Riou et Pierre Cornu
&,
Histoire du Vivarais par Jean Régné

I - Les Temps anciens

 

La préhistoire

Les principales civilisations préhistoriques ont laissé des empreintes notamment en Ardèche méridionale, à Orgnac-l'Aven, à Soyons, dans la grotte Chauvet.

Au Paléolithique, l'homme chasseur-cueilleur

• Il y a plus d'un million d'années, "l'homo erectus" venu d'Afrique, après avoir coloniser les abords de la Méditerranée, se fixe sur le site d'Orgnac en Ardèche. Il utilise les bifaces, des galets, des éclats de roche dure.

• Puis, entre 150.000 et 50.000 ans, l'homme de Néandertal marque une nouvelle étape en réalisant les plus anciennes sépultures humaines connues. Il laisse des traces de son passage le long de la vallée du Rhône dans certaines grottes du Bas-Vivarais. Il utilise des outils plus spécialisés : pointes, racloirs, grattoirs. (Grotte Néron à Soyons, à Saint-Martin-d'Ardèche, Saint-Marcel, Lagorce).

• Au paléolithique supérieur, dernière étape de la préhistoire ancienne (40.000 à 9.000 av. J.C.), c'est la période de glaciation extrême. L'ardèche est soumise à un climat périglaciaire (les glaciers couvrent Lyon et Vienne). La méditerranée est à 100m au-dessous du niveau actuel. La région est parcourue par des grands mammifères et des carnivores (mammouths, aurochs, bisons, chevaux, rennes, ours, lions etc…). C'est la période de l'homme de Cro-Magnon ("homo sapiens sapiens") qui laisse des traces de son passage sous formes de peintures pariétales (Grotte Chauvet, Grotte d'Ebbou, grotte de la Tête de Lion à Bidon). L'art préhistorique ardéchois comporte les principales étapes du paléolithique supérieur. La fin de l'époque glaciaire, aux environ de 10.000 ans avant notre ère a contraint les groupes humains à s'adapter au milieu. La chasse, la pêche et la cueillette sont progressivement abandonnées au profit de la culture de céréales et de l'élevage de troupeaux de bovidés, de chèvres et de moutons. C'est la période de perfectionnement du silex et des pointes, perçoirs, burins.

Au Mésolithique, l'homme devient agriculteur sédentaire

Fin de l'époque glaciaire : 9.000 à 5.500 av. J.C., quelques sites témoignent de cette période en Ardèche méridionale (La Baume d'Oulen à La Bastide–de-Virac, l'abri-sous-roche de Vernon à Saint-Remèze), mais aussi à Montpezat-sous-Bauzon.

Au Néolithique, l'homme de la pierre polie et de la céramique

5.500 à 2.000 av. J.C. apparaissent les premières communautés paysannes qui occupent les grottes et construisent des abris solides dans les plaines. L'homme possède un petit cheptel de chêvres, moutons et bovidés; il transforme les céréales pour produire de la bouillie, des galettes, du pain. A la fin de cette période l'homme élève des monuments mégalithiques sous formes de Menhirs et de Dolmens. Les céramiques sont ornées de dessins. Au cours de cette période, l'homme pratique d'abord la sépulture individuelle, puis la sépulture collective en grotte ou en dolmens, ce changement signe d'importantes transformations culturelles et religieuses.

L'âge des métaux

Le Cuivre (entre 3000 et 1800 avant JC), également époque des mégalithes: le Bronze (entre 1800 et 725 avant JC) : période conflits, on construit des édifices en hauteur (oppidums), la navigation et le commerce se développent; et le Fer (entre 900 et l'arrivée des romains), le fer remplace le bronze et permet de fabriquer des armes. L'absence d'unité des peuples régionalisés permettra aux romains d'étendre leur main mise sur le pays.

La protohistoire

Les peuples pré-romains

Les invasions successives, à l'âge des métaux (-3.000 à -125 av. J.C.), venues d'Europe du Nord (Celtes) et d'Europe du Sud (Etrusques et Grecs) favorisent le développement de la civilisation.

Trois peuples se partagent le territoire vivarois avant l'arrivée des romains. Les Allobroges, dont la capitale est Vienne, occupent les terres au nord du Doux. Les Segovellaunes, implantés dans la plaine valentinoise, s'étendent en Vivarais entre Doux et Eyrieux, avec pour capitale probablement Soyons (oppidum de Malpas), puis Valence.

Parmi les tribus gauloises, la peuplade des Helviens va fortement marquer sa présence dans la partie méridionale du Vivarais, au sud de l'Eyrieux, bordée par le Rhône et les Cévennes. Leur capitale semble se située au niveau de l'oppidum de Jastres (commune de Lussas).

L'oppidum de Jastres

L'oppidum de Jastres est implanté au bord du plateau calcaire de Lavilledieu-Lussas et domine le bassin de l'Ardèche du haut de 100 m de falaises. Il est protégé par une enceinte d'environ 250 mètres de logueur, comportant deux portes et sept tours. La construction visible aujourd'hui, utilisant du mortier de chaux, témoigne de l'influence de Rome au cours du Ier siècle avant JC.

L'Helvie sous la domination romaine - la romanisation

On rentre ensuite dans la période gallo-romaine (-125 av J.C. à 500). Après avoir soumis les Celtes cisalpins et rattacher la péninsule ibérique à l'Empire romain, les Romains entrèrent en moyenne vallée du Rhône, en -122 avant J.C., ils vainquirent une coalition commune aux Allobroges et aux Arvernes, - à laquelle les Helviens prirent part, - dirigée par Bituit, le puissant roi des Arvernes, qui fut emprisonné à Rome.

Le sud de la Gaule, revêt une importance majeure pour Rome. A la suite de leur invasion réussie, le territoire des Allobroges et le pays des Helviens (l'Helvie) furent annexés à la "Provincia Romana" (province romaine de Narbonnaise) nouvellement créée (-118 av. J.C.).

Les élites Helviennes comme Valérius Procillus se romanisèrent vite, l'Helvie ne répondant pas à l'appel de Vercingétorix en -52 qui était pourtant au seuil de la victoire avant de commettre l'erreur fatale de s'enfermer dans Alésia et de capituler devant l'armée romaine de César, le 27 septembre de l'an 52 avant Jésus-Christ. C'est la fin de la Gaule libre et de l'empire celte d'Europe.

Organisation municipale

Une organisation territoriale est mise en place, partageant le territoire en trois parties. Les terres situées au nord du Doux sont rattachées à la cité de Vienne, le territoire entre Doux et Eyrieux relève de la cité de Valence; le sud correspondant au territoire des Helviens est rattaché à Alba.

Les trois cités qui se partagent le territoire du Vivarais relèvent de la Gaule narbonnaise. Lors du démembrement de la Narbonnaise, le Vivarais est rattaché à la province viennoise (comme le Viennois et le Valentinois).

La ville d'Alba Helviorum, seule cité du territoire, se développe essentiellement durant le haut Empire, jusqu'au IIIe siècle, puis après une période de déclin est abandonnée à la fin du Ve siècle. Elle était cependant dotée d'un espace urbain organisé en îlots, plusieurs nécropoles, un thâtre, un forum encadré de boutiques, de plusieurs temples.

Rome, pour prix de leur fidélité, accorda aux Helviens le droit latin, régis par des chefs qu'ils élisaient eux-mêmes, ils conservèrent leurs libertés et leurs lois.

Mise en valeur du territoire

Cette période est également marquée par un premier maillage des routes, axé sur la vallée du Rhône, dont il reste de nombreux vestiges (ponts romains et bornes milliaires…). Une voie reliant Valence à Nimes , traversait du nord au sud le territoire helvien en passant par Cruas, Meysse, Rochemaure, Le Teil (Mélas), sa capitale Alba, puis vers l'ouest avant de prendre la direction du sud par Sauveplantade Ruoms, Salavas, Barjac, puis vers Uzès et Nimes. Une autre voie se dirige vers le nord depuis Mirabel, en direction du Velay et du Gévaudan.

Alba n'est pas le seul bassin occupé durant l'Antiquité. Tous les terroirs au climat méditerranéen, favorables aux cultures du blé, de la vigne, de l'olivier (vallée de l'Ouvèze et de la Payre, plaines de Vesseaux, de Chomérac ou de Lussas, plaines alluviales du Chassezac ou de l'Ardèche, de Labégude aux Vans, bassin d'Aubenas etc…) ont livré des indices et des vestiges d'une occupation antique. Il en est de même des collines au pied des Cévennes ou des plateaux calcaires du Bas-Vivarais. La vallée du Rhône constitue également une zone privilégiée d'installation humaine à cette époque (à Soyons, Saint-Péray, Cornas. Ça et là on a découvert des installations commerciales, des ateliers de potiers ou des infrastructures portuaires (Saint-Jean-de-Muzols, et Saint-Just-d'Ardèche). Le plateau annonéen reste la zone la plus peuplée au nord. Les formes d'habitat ont guère évolué : hameaux dispersés, vers les plaines, regroupés autour d'anciennes Villae gallo-romaines (ferme gaulloise  aux bâtiments dispersés autour d'une vaste cour centale). Les oppida (refuges sur un lieu élevé) connaissent un certain déclin.

Cependant toute la partie montagneuse : Montagne, Coiron, Boutières et Cévennes reste quasi désertique à l'exception des termes de Neyrac-les-Bains ou de Saint-Laurent-les-Bains ou de Désaignes. Le Vivarais restant une position intermédiaire entre le monde méditerranéen et celui de la montagne.

Le vivarais dans l'Antiquité et au début du Moyen Age

Un territoire divisé

Après l'effondrement du monde romain, et les grandes invasions du Ve siècle, le Vivarais se trouvait sur la frontière entre le territoire burgonde  au nord et au nord-est (avec les anciennes cités de Vienne et de Valence)  et le territoire visigoth, au sud.

Sous les Barbares Vandales

Aux Vandales et à leur chef Chrocus, on attribue la destruction d'Alba Helviorum au Ve siècle (vers 411)

Sous les Barbares Visigoths

Après une période de domination des Visigoths, - en 496 Viviers appartenait au roi visigoth Alaric II -. Ce dernier, plus tolérant permit aux évêques d'exercer librement leur culte et de relever églises et monastères. D'autant qu'il pouvait craindre de redoutables voisins dans la valeureuse nation des Francs et dans leur jeune chef Clovis, qui était devenu l'objet de toutes les sympathies de la Gaule romaine depuis sa conversion et son baptême. Alaric comprit le danger.

Le sort des armes dut décider entre les deux rivaux. Alaric fut vaincu dans les plaines de Vouillé, près de Poitiers en l'an 507. Sa défaite et sa mort mirent fin à treize années de domination des Visigoths.

L'armée des Francs se répandit en deux colonnes, sans rencontrer de résistance sérieuse, l'une avec Clovis vers l'Aquitaine et l'autre avec Théodoric (ou Thierry Ier) son fils, vers la Septimanie en passant par le Vivarais dont il s'était assuré la possession.

Sous les Barbares Burgondes : royaume de Burgondie (437-534)

En 443 commence officiellement le royaume de Burgondie avec Genève pour capitale principale et plus tard les villes de Lyon, prise en 457, perdue et reprise en 459, Dijon, Besançon, Autun, Langres vers 460 et Vienne en 463. Vers l'an 502, alors en pleine apogée sous leur roi Gondebaud, la capitale est établie d'abord à Vienne, puis à Lyon.

En 517, les Burgondes disputent le Vivarais à Thierry Ier fils aîné de Clovis et aux Ostrogoths venus d'Italie et s'en rendent maîtres. En 523, les Ostrogoths alliés des Burgondes obtiennent la cession de toute la Haute Provence sauf Die et Viviers (Province d'Arles).

En 524, réunissant leurs forces, les rois francs (fils de Clovis) envahirent le nord de la Burgondie. La rencontre des deux armées eu lieu à Vézeronce dans l'Isère. Les Burgondes furent battus, mais Clodomir (fils de Clovis) périt.

En 534, le royaume de Burgondie est dépecé et annexé par les francs mérovingiens. Le Vivarais qui en dépendait échut à Théodebert Ier (fils de Thierry Ier et petit- fils de Clovis), déjà maître du Velay, du Gévaudan et du pays d'Uzès.

 

L'étendue de l'empire burgonde était, en 534, assez considérable
royaume Burgonde
Sous l'autorité mérovingienne : la conquête de Charles Martel

Au début du VIIIe siècle, sous l'autorité de la dynastie méronvingienne (Charles-Martel est maire du palais d'Austrasie), le Rhône voit passer quelques Sarrasins qui refluent de la bataille de Poitiers le 25 octobre 732 (site de Moussais-la-Bataille). Ils saccagent Viviers en 735, occupant Rochemaure jusqu'en 739. En 739, Charles Martel établit définitivement son autorité sur la Bourgogne et la Provence ((Lyon et les autres villes occupées sur le Rhône jusqu'à la mer). Narbonne ne sera finalement libérée qu'en 759 par Pépin le Bref.

Charles Martel († 741) et son fils Pépin le Bref (qui se fait élire roi des Francs en 751), réorganisèrent l’administration de la Bourgogne qui fut administrée par des comtes, qui représentèrent le roi dans leurs comtés (pagi), qui correspondaient le plus souvent aux diocèses épiscopaux. La tripartition entre Vivarais-Viennois au nord, Vivarais-Valentinois au centre et Vivarais au sud, relevant de la cité de Viviers, est conservée.

Ainsi le "pagus Vivariensis" devient le comté de Vivarais. À Viviers, le partage du pouvoir entre l'évêque et le comte semble avoir duré jusqu'à la dissolution de l'empire carolingien. Le pouvoir des chanoines sur l'administration temporelle de la ville et du diocèse, qui durera jusqu'à la Révolution, se dessine alors, avec ses implications sur la structure de la ville haute.

Il confia le gouvernement des pays conquis à ses fidèles qui firent planer sur les habitants une véritable terreur qui en vinrent à regretter la domination des Sarrasins. Les églises de Lyon et Vienne furent dépouillées et ruinées. L'évêque de Viviers, Arconce, osa résister et sut maintenir contre les francs la liberté de son ministère, jusqu'au jour de son assassinat décapité, victime de son zèle généreux et de la haine des méchants.

La permanence de l'occupation antique

Jusqu' à l'èpoque carolingienne, l'occupation humaine reste limitée et se calque sur celle observée à la fin de l'Antiquité : seuls le Bas-Vivarais, la vallée du Rhône et la région du plateau d'Annonay sont peuplés de manière significative, ce qui n'exclu pas la présence de quelques points de peuplelments dans les Cévennes, les Boutières et sur le Plateau. Si les régions occupées au Moyen Age sont les mêmes qu'à l'Antiquité, les formes d'habitat sont également très proches, ce dernier probablement organisé en hameaux dispersés, peut-être agglomérés autour d'anciennes villae. Parallèlement, un certain nombre d'oppida connaissent un  regain d'occupation au Ve -VIIe siècles, tels ceux de Baravon à Gras, de Bois-Saint-Martin à Labeaume, ou enciore dans une certaine mesure celui de Roc de Gourdon, alors que la majorité des Vici (quartier, petit village) continuent d'être occupés (à Ruoms, Soyons, Le Pouzin).

L'Helvie chrétienne

Vers l'an 200, saint Janvier vint prêcher l'Évangile en Helvie; il y fonda l'église d'"Alba Augusta Helviorum". En 325, Alba devient siège d’un évêché.

Viviers capitale de l'Helvie : "Vivariensis pagus"

Le Vivarais servait de frontière et de sanglant champ de bataille aux peuples barbares situés de part et d'autre du Rhône : d'un côté les visigoths établis à Narbonne, Nimes et Toulouse, de l'autre côté, les Alains et les Burgondes s'étaient implantés, ces derniers jusqu'à Lyon et tout le territoire de la rive gauche du Rhône jusqu'à la Durance. On attribue la destruction d'Alba Helvorium au Ve siècle (vers 411), au chef des Vandales, Chrocus. L'évêque Avolus est mis à mort, son successeur l'évêque Auxonius s'établit au bourg fortifié de Viviers qui devint le siège épiscopal et la capitale de l'Helvie, qui ne tarda pas à prendre le nom de "Vivariensis pagus" (Comté de Vivarais); il mourut assassiné peu après 475.

Situation de l'Église

Devant l'affaiblissement du pouvoir romain, l'Eglise devient la seule institution capable de maintenir un semblant de structure, qui sur ce point avait devancé l'État en organisant les circonscriptions ecclésiastiques sur le modèle de l'organisation administrative et politique romaine : en paroisses, archidiacres, archidiaconés, archiprêtres, prêtres, moines, officiaux forains.

En droit les évêques de Viviers reconnaissait l'évêque de Vienne; mais la ville d'Arles, située dans la même province avait acquis une sorte de prééminence pour la primatie.  Le pape Zozime établit l'évêque d'Arles vicaire du siège apostolique dans la province Viennoise. Le pape ordonna que Viviers et les autres diocèses resteraient soumises à l'église d'Arles. Dès lors jusqu'au onzième siècle, les évêques de Viviers ne cessèrent pas de reconnaître l'autorité métropolitaine des pontifes d'Arles.

Les évêques de Viviers exercent sur la société une influence considérable. c'est aussi l'époque des dernières luttes avec le paganisme quand eut lieu le martyre de Saint Agrève (vers 650). Les hommes et femmes illustres de l'église de Viviers sont : saint Andéol, saint Just, saint Montan, saint Ostien, le sénateur Aléthius, le prêtre Pascase, le diacre Saturnin, l'adolescent Sévère, la servante Bricciofrida et d'autres.

Les premières églises sont érigées dans les secteurs les plus fortement habités dès l'Antiquité : Alba, Viviers, Salavas, Ruoms, Meysse ou Soyons par exemple.

L'église de Viviers, à la fin du VIIIe siècle, a réussi une prodigieuse accumulation de possessions et de richesses accrues de siècle en siècle par la pieuse munificence des princes et des seigneurs. C'est là qu'il faut aller chercher la source première de la puissance temporelle des évêques de Viviers, et le secret de l'action politique qu'ils exercèrent durant toute la première partie du moyen âge. 

Le moyen âge vivarois voit s’épanouir un réseau monastique d’abbayes (Mazan, Les Chambons, Cruas,…) et de prieurés couvrant le pays de magnifiques églises romanes (Thines, Champagne,..). Avec les monastères commencent à se développer la culture de l'esprit, des vignes et des arbres fruitiers. Le pouvoir seigneurial s’affirme par de modestes tours ou des châteaux dominateurs.

- Le Vivarais sous les rois Carolingiens (750-878)

La dynastie des Carolingiens succèdent aux Mérovingiens (457-754) dont ils réunifient les différents domaines. Sous Charlemagne (742-814), l'autorité civile que les circonstances avait concentrée dans les mains de l'évêque, en sortit pour passer dans celles d'un magistrat laïque.

L'administration des provinces était confiée aux ducs ou gouverneurs généraux; celle des principales villes aux comtes ou gouverneurs particuliers subordonnés aux ducs. Cette règle fut appliquée à tout l'empire. Chaque comté ayant la même étendue que le diocèse ecclésiastique.

Par suite de cette organisation, le Vivarais, continuant à faire partie du royaume de Bourgogne, il forma à lui seul un comté et deux fractions de comté, les limites de chaque circonscription étant assez approximative, leur étendue était en général assez considérable : le comté de Vivarais, dans les limites du diocèse de Viviers; une fraction du comté de Valentinois, correspondant à la partie du diocèse de Valence comprise entre l'Eyrieux et le Doux; enfin une fraction du comté de Viennois correspondant à la partie du diocèse de Vienne située au delà du Doux.

Le comte, dépositaire de l'autorité du prince n'avait qu'un pouvoir viager et révocable. Il était assisté de ministres subalternes prenant le nom de vicaires ou viguiers. Le pagus ou comté de Viviers renfermait au moins quatorze vigueries : Chalancon, Mariac, Saint-Alban, Saint-Bauzile, Mélas, Légernate (Saint-Just), Sampzon, Fontbellon, Sauveplantade, Vesseaux, Mayras, Bauzon (Saint-Genest-de-Bauzon), Pradelles, Issarlès;
Le pagus ou comté Viennois comportait quatre vigueries : Annonay, Pailharès, Tournon, Colombier-le-Jeune;
Le pagus ou comté Valentinois ne comportait qu'une seule viguerie : Soyons.

L'évêque bénéficiait du privilège d'immunité qui lui conférait une véritable souveraineté dans sa ville épiscopale. L'évêque Thomas Ier est le premier évêque qui ait joui de ce privilège qui lui fut octroyé par l'empereur Louis Ier le Pieux dit le Débonnaire (778-840), fils de Charlemagne. L'immunité était la reconnaissance pour l'église, d'une juridiction indépendante, dans toute l'étendue de son domaine; c'était si l'on veut, la franchise absolue des terres et des personnes. Les terres étaient exemptes de charges et contributions directes. Les officiers du roi n'eurent plus que les impôts indirects, tels les péages. En outre chaque église paroissiale avait une immunité particulière représentée par le manoir du curé de campagne - espèce de ferme d'environ quinze hectares, non compris l'église, le cimetière et le presbytère - franche de tous droits vis-à-vis de l'État, mais aussi vis-à-vis des seigneurs particuliers. Les personnes qui habitaient le territoire étaient également sous le pouvoir prépondérant des évêques; elles n'étaient tenus envers le roi qu'au service militaire.

Le premier comte de Vivarais est le comte Eribert, auquel on doit la fondation de l'abbaye de Cruas qui reçut, en 817, les faveurs de Louis le Pieux avant que l'évêque Tengrin, successeur de Thomas Ier, prenne parti dans la révolte de Lothaire Ier, comme de nombreux autres prélats du midi.

A la mort de Louis-le-Pieux en 840, une guerre de succession s'annonce qui se termine par le traité de Verdun conclu en 843, les petits-fils de Charlemagne (fils survivants de Louis le Pieux), se partagent et participent à la dislocation de l'empire carolingien en trois royaumes.

 

Traité de Verdun 843
Traité de Verdun en 843

 

L'application de la coutume franque qui voulait que chaque fils reçoive en héritage une part du royaume plutôt que son attribution au fils aîné, allait, de division en division, conduire le grand empire à sa perte et le regnum Burgundiae allait y perdre définitivement son unité.

En 850, Lothaire Ier renouvelle le privilège d'immunité de l'évêque de Viviers, il fait don de l'île Formigère et unit au siège de Viviers l'abbaye de Donzère (dans le comté d'Orange) avec tous les petits monastères qui en dépendaient; dans le même temps l'abbaye de Cruas était mise sous la dépendance immédiate de l'évêque d'Arles.

- Le Vivarais sous les Rois de Provence ou Bourgogne-Cisjurane ( 855-888)

Le royaume de Francie médiane (Lotharingie) fut éphémère, puisque peu avant sa mort en 855, Lothaire Ier partage son empire entre ses trois fils (Traité de Prüm) :

Armoiries attribuées à la Provence, dérivées des armes des comtes d'Anjou et de Provence
Blason de Provence

 

• Pour Charles de Provence (845 - 863), son plus jeune fils, Lothaire Ier fonde le "Royaume de Provence" (ou Provence-Viennois), constitué par la Provence et la Bourgogne Cisjurane (territoires issus du démantèlement du Royaume de Bourgogne), comprenant le Lyonnais, le Viennois, le Dauphiné et la Savoie) ainsi que les comtés d'Uzès et de Viviers. Il avait Lyon pour capitale.

En 858, à Bergoïata est découvert dans un sarcophage, le corps de saint-Andéol, dont la mémoire était restée vivante dans les contrées qu'il avait évangélisées. Cette même année, deux moines de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, munis des lettres du roi Charles-le-Chauve, arrivent à Viviers à la recherche des reliques de saint-Vincent martyr.

En 860, les Barbares venus par la mer ravagèrent toutes les contrées voisines du Rhône jusqu'à Valence.

Le 22 décembre 862, l'évêque de Viviers fait renouveler par Charles de Provence, la cession de l'île Formigère que son père avait faite à l'église de Viviers; quelques mois plus tard le jeune roi de Provence mourut à Lyon. Sous le règne de Lothaire II l'église de Lyon se fait restituer la jouissance du château de Tournon et de ses immunités.

Lothaire II (835-869) hérite du Vivarais, de son frère Charles, il confirme les actes antérieurs de son père et de son frère, il prend la défense des archevêques et plaçe sous sa sauvegarde la ville de Tournon, son château, ses églises, son territoire avec les fermes et les esclaves et tout ce que le siège illustre de Lyon possédait en Vivarais. Lothaire II confirma à l'archevêque d'Arles la haute administration de l'abbaye de Cruas. En même temps Lothaire charge ses peuples d'imposition très lourde pour acheter la retraite des Barbares normands, plutôt que de les combattre.

• Louis II (825 - 875), fils aîné de Lothaire Ier, déjà associé au trône; après la mort de son frère Charles de Provence en 863, il récupère une partie de son domaine, et devient aussi "roi de Provence et de Bourgogne" (seuls les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais lui échappent)

Lorsque l'empereur Louis II décède à son tour en 875, s'éteignit la maison de Lothaire Ier qui avait régné sur le Vivarais pendant plus de 40 ans. Charles II le Chauve son oncle, s'empare alors des deux royaumes d'Italie et de Provence (le Vivarais en fait partie) et du titre d'empereur. Après avoir horriblement dévasté tout le pays environnant, il obtient la reddition de Vienne, ce qui entraîna la soumission du Dauphiné et du Vivarais dont le roi confia le gouvernement à Boson, son beau-frère.  

L'évêque de Viviers se vit confirmer en août 877, par le nouvel empereur, dans la possession des biens et privilèges de son église (y ajoutant aux précédents biens, territoire et port de Bourg-Saint-Andéol, les églises de Saint-Just, de Saint-Marcel et de Saint-Remèze).

Après la conquête des Gaules par les Francs et les Burgondes, le Vivarais ("territoire de Viviers")  ne cessa, tantôt sous une dynastie  et tantôt sous une autre de faire partie du royaume de Provence, d'Arles ou des deux Bourgognes et de dépendre plus immédiatement du comté de Vienne.

Le Rhône n'était pas considéré comme une barrière, et pas plus sous l'ère féodale que du temps des romains, il ne servit de limite pour les ciconscriptions administratives, puisque les comtés de Viennois et de Valentinois s'étendaient des deux côtés du fleuve.

Successions du royaume de Provence et du royaume d'Arles

C'est ainsi que vont se succéder sur le trône de Provence :

Blason des Bosonites de Provence
Blason des Bosonites

 

Boson, roi de Provence (844-887), Louis  de Provence dit l'Aveugle (883-928) fils de Boson, Hugues d'Arles (882-948), Raoul de France (890 - 936), Charles Constantin de Provence, comte de Vienne (905 - 962), Bérenger II d'Italie (900 - 966)

 

 

Sous les Rois de Bourgogne-Transjurane (888-933), le Vivarais fait partie du royaume d'Arles (933-1032) qui comprenait les pays situés entre la Méditerranée, l'Italie, l'Allemagne et l'Aquitaine, sauf le comté de Vienne, que Charles-Constantin de Provence s'était réservé, et qui était dans la mouvance de la France. Les rois d'Arles furent : Rodolphe II, roi de Bourgogne (888-937), Conrad III, roi de Bourgogne dit le Pacifique (930-993) et Rodolphe III, roi de Bourgogne dit le Fainéant, (970-1032)

C'est pendant le règne de Conrad III que se signale à notre attention l'évêque de Viviers Thomas II qui entreprit de transcrire les antiques documents de la bibliothèque de l'évêché. Dans le diocèse de Viviers, un vieux seigneur fit don des terres, bois, prairies, pâturages et cours d'eau pour y fonder sur la montagne de Rompon un monastère de l'ordre de Cluny, à l'origine du prieuré conventuel de Saint-Pierre de Rompon. A Viviers, la charte de fondation du prieuré conventuel de Rompon est datée de la "quarantième année du règne de Conrad Le Pacifique" (977), roi de Bourgogne. C'est le dernier témoignage que nous ayons du règne de ce prince concernant le Vivarais.

II - Le Vivarais du Xe au XIIIe siècles

Révolution féodale

En juin 877, Charles le Chauve promulgue le capitulaire de Quierzy, qui rend héréditaires les charges comtales. Cet acte peut être considéré comme l'acte de naissance de la féodalité. Il décède la même année, le 6 octobre 877. Sa mort amena la chute de la domination carolingienne dans tout l'Empire et donc dans le Vivarais.  Le successeur de Charles-le-Chauve, son fils Louis II le Bègue ne vécut que deux ans après son père, mais assez cependant pour voir se disloquer l'empire de Charlemagne son arrière-grand-père.

Pendant les dernières années de la monarchie des Rodolphe, la Révolution féodale en Vivarais commençait à opérer ses effets.

Avec la terreur de l'an 1000, le besoin de sécurité dégénérant en ambition et cupidité, engage fonctionnaires de l'empire, prélats et grands propriétaires fonciers à construire des châteaux forts. Le Vivarais se couvre de châteaux. leurs propriétaires, les seigneurs, établissent leur autorité sur des villes, des parties de ville, des étendues de terre plus ou moins grandes.

La crainte du jugement dernier inspirant des sentiments de piété, beaucoup ne trouvaient un peu de repos qu'à l'ombre des autels, cherchant par des œuvres de pénitence ou d'abondantes libéralités à fléchir le courroux du Ciel. Aussi les donations aux églises ou aux monastères dans le Vivarais, durant la dernière moitié du dixième siècle furent nombreuses.

L'échéance de l'an mil ne calma pas les terreurs, d'autant qu'une épidémie de peste s'abattit sur toute la France, bientôt suivie d'une cruelle famine, quelques-uns allant jusqu'à dévorer des chairs humaines. Le renversement des saisons, la lutte des éléments, le désordre de la nature, ne faisait pas douter que le monde penchait manifestement vers sa ruine et que le jugement dernier était proche.

Cette époque tant redoutée passa. Le clergé se mit à prêcher partout l'observation de la justice et de la pénitence. En l'an 1004, eut lieu au Puy une réunion de prélats et de seigneurs à laquelle l'évêque de Viviers assista pour l'établissement de la Paix de Dieu. Chacun devait renoncer à se rendre justice soi-même par les armes et s'engager à respecter les églises, à ne plus infester les chemins, etc. Mais il était plus facile de faire jurer un tel engagement, que d'en garantir l'exécution.

Vers l'unité du Vivarais

La seconde moitié du Moyen Age apporte des bouleversements considérables en Vivarais. Ainsi entre le Xe et le XIIIe siècle, la mise en valeur des régions montagneuses du Vivarais aboutit, le pays se couvre de châteaux, les villes et le réseau routier prennent leur essor alors que le commerce commence à s'animer. C'est également l'époque au cours de laquelle le Vivarais connaît des changements de domination à l'issue desquels il gagne son unité.

Le Vivarais terre d'empire (1032 - 1305)

Le onzième et plus encore le douzième siècle ont vu se former les grandes seigneuries ecclésiastiques et laïques du Vivarais.

En ce qui concerne le Vivarais, rendu au royaume de Bourgogne-Provence avant la fin du Xe siècle, il redevint, bien entendu, comme le Valentinois, partie intégrante du duché du Lyonnais, quoique son évêque continuât à dépendre, en droit, de l'archevêque d'Arles. [20 octobre-31 décembre 998] : précepte de Rodolphe, confirmant à Cluny ses biens, placés les uns " in episcopatu Lugdunensi... in episcnpatu Viennensi... in episcopatu Valentinensi... in episcopatu Vivariensi, les autres... in Proventia" (Bruel, Ch. de Cluny, n° 2466).

 

Duché Lyonnais en 1032 (carte Sablons et son histoire)
1032

À partir de 1032, le Vivarais appartint au moins nominalement au Saint Empire Romain Germanique, lorsque le royaume de Bourgogne-Provence est absorbé par l'Empire. En effet les empereurs germaniques n'interviennent presque jamais dans les affaires vivaroises. Marginal dans l'Empire, le Vivarais jouit donc d'une large indépendance : le véritable pouvoir est ailleurs, entre les mains de l'aristocratie locale dont la puissance émerge au détriment des souverains.

Blason du Saint Empire
Blason du Saint Empire  1368

 

 

Pendant trois siècles on vit une grande ligne de démarcation politique qui partageait le territoire des Gaules en deux parties: la France Royale à l'ouest, la France Impériale à l'est.

 

 

Empi et Ryaume (ou Riaume) sont restés longtemps les cris des mariniers du Rhône, lorsqu'ils naviguaient sur le fleuve. Au lieu de crier "bâbord et tribord", ils disaient "Pique à l'Empi et bute au Riaume!", et donnaient donc le bord vers lequel les bateaux devaient se diriger. Le "Riaume" c'était l'Ardèche, et l"Empi", c'était l'Isère !
Cela fait référence à cette époque bien lointaine (an 1173 à 1349) où l'Empi désignait les provinces encore vassales de l'Empire Germanique (Dauphiné) et le Riaume désignait celles passées sous la couronne de France (Lyonnais, Forez, et Vivarais).

Le Vivarais terre seigneuriale : lutte pour l'hégémonie comtale (1039-1202)

Comme toute l'Europe, le Vivarais connaît l'essor de l'aristocratie laïque et de la société féodale entrainant la multiplication des seigneurs locaux, régnant sur des domaines de faible étendue. Cependant quelques lignages émergent, bien implantés en Vivarais, même s'ils n'en sont pas issus. C'est la cas de la famille de Poitiers, comte de Valentinois, ou encore la famille Montlaur, des comtes de Viennois et de la puissante famille des comtes de Toulouse.

Comtes de Valentinois

Au nord da la chaine du Coiron, dans l'archiprêtré des Boutières, le pouvoir seigneurial de l'évêque a dû s'effacer devant l'autorité naissante de la puissante famille des Poitiers, comtes de Valentinois. Solidement implantés au cœur du Vivarais par des mariages et des contrats de vassalité, qui plaçaient dans leur domaine ou sous leur juridiction les plus importantes seigneuries d'entre Doux et Coiron et d'entre Rhône et Loire, les comtes de Valentinois se maintiendront au sommet de la hiérarchie féodale dans toute la partie nord du diocèse de Viviers et dans toute la portion vivaroise du diocèse de Valence.

Famille Montlaur

La puissante famille des Montlaur, originaire de la montagne du Velay, implantée sur le Plateau vivarois et dans la vallée de l'Ardèche, occupa la place d'Aubenas de 1066 à 1435, puis, par alliances matrimoniales, y règna jusqu'à la fin du XVI e siècle.

Comtes de Viennois

Plus au nord, dans la partie vivaroise du comté et diocèse de Vienne, zone qui sera plus tard le Viennois à la part du royaume, les personnages de notre histoire se détachent avec moins de relief et de prééminence qu'au sud du Doux. L'autorité des archevêques de Vienne s'y trouvait en butte à l'ambition seigneuriale des dauphins de Viennois. Mais ce sont les feudataires (possesseur d'un fief) de second ordre comme le seigneur de Tournon et le seigneur d'Annonay qui en définitive occuperont la première place dans les seigneuries de la vallée du Doux et du bassin de la Cance.

Le comte de Toulouse contre l'évêque de Viviers 1173-1202
Armes des comtes de Toulouse
Comtes de Toulouse

En 1125, la Provence est partagée entre le comte de Barcelone Raimond Bérenger, et le comte de Toulouse Alphonse-Jourdain se partagèrent la Provence :
- le premier reçut le comté entre Rhône, Durance, Alpes et la mer
- le second le marquisat au Nord de la Durance. Le comte de Toulouse reprend le blason des bosonites qui prend alors le nom de blason de Toulouse. (de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée d’or).

Or, il advint que Raimond, l'évêque de Viviers, venait d'étendre sa domination temporelle sur des terres que convoitait le comte de Toulouse. Vers 1169, Hugues d'Ucel lui avait donné une partie des mines de Largentière, de Chassiers et de Tauriers. Les seigneurs d'Ucel étant criblés de dettes cherchaient un protecteur. Le comte de Toulouse s'offrit et en 1170 le même Hugues d'Ucel fit hommage à Raimond V, comte de Toulouse pour ses châteaux d'Ucel, de Saint-Laurent et de Rochecolombe. C'est ainsi que le comte de Toulouse s'installait en Vivarais. En laissant le comte de Toulouse prendre pied au centre même de son diocèse, l'évêque Raimond commettait une faure irréparable.

La période de 1125 à 1173 marque la formation sous la suzeraineté  du Saint-Empire, des seigneuries temporelles des archevêques de Lyon et de Vienne, des évêques de Valence et de Viviers. Mais ces seigneuries ne règlent pas uniformément leur frontière occidentale sur le cours du Rhône. De l'enchevêtrement d'influences et de suzerainetés contradictoires il résulte que la souveraineté impériale ne s'étendait en Vivarais qu'à une faible partie du pays : à la seigneurie temporelle de l'évêque de Viviers. Par contre l'influence capétienne était reconnue sur les routes empruntées par les marchands et les pélerins transitant dans les hautes vallées vivaroises.

Il aurait été préférable  que la domination toulousaine fût rejetée et contenue au sud de l'Ardèche et du Chassezac. Mais l'évêque n'avait pu empêcher le comte de prendre pied dans la région de Saint-Just, Saint-Marcel et dans les mines de Largentière.

Raymond VI de Toulouse est soupçonné d'une coupable indulgence vis-à-vis de l'hérésie cathare, il est excommunié par le pape Innocent III. En 1215, le concile de Latran le déchoit de ses droits sur son comté au profit de Simon de Montfort, mais le pape préserve le marquisat de Provence (dans lequel figure le Vivarais) au profit de son fils, le futur Raymond VII. Raymond VI de Toulouse, voit ses biens du pays de Largentière, avec ses riches mines confisquées au profit de Bernon de Brabant, riche et puissant Évêque de Viviers. Son fils, Raymond VII de Toulouse n'y pourra rien, et en 1215, la spoliation est consommée.

L'évêque de Viviers, ayant réduit à des proportions raisonnables les visées ambitieuses du comte de Toulouse, va dominer à peu près sans conteste et sans partage dans le bassin de l'Ardèche et en général dans toute la partie méridionale du Vivarais.

Traité de Meaux : fin du conflit albigeois en 1229

Signé le 12 avril 1229, le traité de de Meaux (dit également premier traité de Paris) met fin à la croisade des albigeois contre les cathares. Il est imposé à Raymond VII comte de Toulouse, par la régente Blanche de Castille, par lequel il cédait les anciennes vicomtés Trencavel au roi de France et accordait Jeanne, sa fille et unique héritière, à Alphonse de Poitiers, frère du roi Louis IX. Cette soumission instaure une véritable dépendance à la Couronne, son gendre deviendra comte de Toulouse et, après la mort de ce dernier (1271), sans héritier, le comté est annexé par la Couronne de France. Ensuite Philippe III de France (dit Le Hardi) intègre le Bas-Vivarais au domaine royal.

En résumé la lutte pour l'hégémonie comtale aboutit  à la fin du douzième siècle à la formation de trois zones d'influence : le bas Vivarais sous la suzeraineté de l'évêque de Viviers et partiellement du comte de Toulouse, les Boutières et le Valentinois sous la domination du comte de Valentinois et de la Famille Montlaur, le Viennois sous l'autorité nominale de l'archevêque de Vienne et du Dauphin, mais sous la suzeraineté effective des seigneurs de Tournon et d'Annonay.

 

Au-dessus de tous ces comtes et prélats, les agents des rois de France feront sentir de plus en plus leur action centralisatrice. Il leur sera d'autant plus facile de s'imposer qu'ils auront en face d'eux des pouvoirs en lutte; au lieu d'un bloc compact de seigneuries, un amalgame sans cohésion d'ambitions divergentes. Ils s'inflitreront dans les fissures et au bout d'un siècle de pénétration désagrègeront la masse inconsistante des seigneuries locales. Forts de l'appui des évêques du Puy et de Mende, comme aussi de la fidélité immuable de leurs puissants vassaux, les Montlaur, les Bermond d'Anduze, les Tournon, etc… et les rois Capétiens introduiront  leur autorité dans les différentes zones du Vivarais. Le treizième siècle verra le triomphe de leur marche au Rhône.

De 1271 à 1477, quoique souverain de fait du Vivarais, l'évêque de Viviers reconnaissait toutefois la suzeraineté des rois d'Arles et de la Bourgogne transjurane et des empereurs qui leur succédèrent. Prélat et prince de l'empire, il avait de grands privilèges ; mais les rois de France, jaloux d'étendre leur domination, travaillèrent à rendre ce pays dépendant de leur couronne.

La pénétration capétienne en Vivarais et la réunion à la France du temporel de Viviers (1202-1305)

Loin d'être une prise de possession une fois pour toute et rapide, l'intégration du Vivarais dans le royaume de France est un long glissement de plus d'un siècle.

Dès 1188 ce mouvement commence par l'hommage du sire Odon de Tournon - d'une famille encore modeste - à Philippe Auguste, et se poursuit  tout au long du XIIIe siècle avec l'intervention de plus en plus fréquente des rois de France en terre vivaroise. Puis lorsque Guidon de Tournon qui, en 1304, adhère à l’appel de Philippe le Bel, c’est une partie de l’histoire de Tournon et du Vivarais qui se déroule.

En effet, un pas décisif esf franchi en 1284. Les moines de Mazan, seigneurs du château de Berg, avec l'aide du roi, fondèrent la bastide de Villeneuve-de-Berg, pour en faire, le siège de leur juridiction, qui implante solidement le roi en Bas-Vivarais, suivi en 1291 par la fondation de Boucieu-le-Roi, en Haut-Vivarais. Pour finir, en deux temps, en 1305 et 1308, l'évêque de Viviers Aldebert de Peyre reconnaît la souveraineté capétienne sur son diocèse entérinant définitivement le lent glissement des terres vivaroises de l'Empire au royaume de Franc; et finalement, sous Charles V (règne de 1364 à 1380), tout le pays est administré par un Bailly Royal du Vivarais et du Valentinois.

Mis en place progressivement , le baillage de Vivarais est définitivement  constitué au milieu du XIV e siècle, scellant pour la première fois l'unité vivaroise. Immédiatement intégré à la sénéchaussée de Beaucaire, il forme un des vingt-trois diocèses civils du Languedoc. Le diocèse civile de Viviers n'évoluera plus dans ses limites et deviendra pour l'essentiel, le département de l'Ardèche.

Alors que le Vivarais est balloté entre Empire et royaume capétien, sous la domination d'une aristocratie locale pléthorique, de nouvelles structures politiques, administratives et sociales se mettent en place.

L'histoire, qui a soigneusement recueilli la suite généalogique, les noms, les faits et gestes des autres comtes voisins qui vivaient à cette époque, est demeurée muette sur les comtes de Vivarais. Ce qui paraît plus étonnant encore, c'est que le titre même de comte de Vivarais s'efface et n'est plus revendiqué par personne, jusqu'à ce qu'il revive dans celui de comte de Viviers porté par les évêques au XIVe ou XVe siècle.

De nouvelles structures

L'émergence de la seigneurie et du château : (Révolution féodale)

Consécutivement à l'émergence d'une aristocratie qui accapare le pouvoir public, les nombreuses vigueries qui subdivisaient les comtés du haut Moyen Age laissent rapidement la place aux mandements seigneuriaux. Dès la fin du Xe siècle  et au début du XIe siècle, les seigneuries châtelaines se multiplient et le nombre de châteaux croît très rapidement au point qu'on en dénombre environ 150 à la fin du XIIIe siècle.

Très frustes et à peine habitables, ces châteaux présentent presque tous les mêmes caractéristiques. Ils se composent d'un petit donjon de plan carré, sans crénelage, avec quelques ouvertures de tir seulement, auquel est associée une enceinte  délilmitant un espace de faible surface, dans laquelle se trouve le logis châtelain souvent à deux étages, seul bâtiment résidentiel du château; (les châteaux de Boulogne, de Mayres et de Montréal en sont de bons exemples).

Usuparteurs de biens d'église (1039-1094)

Sans recourir encore à l'aide du bras séculier ni même à la menace des foudres canoniques, les monastères et les égilses réussissaient par leurs simples moyens à remettre la main sur quelques-uns des biens qu'un usurpateur laïque leur avait criminellement arrachés.

Les moines de Saint-Chaffre étaient constamment en butte aux tracasseries et aux rapines des chevaliers vivarois, querelleurs et avides. La venue des premiers envoyés du roi de France fut accueillie comme un secours de Dieu. Les moines de Saint-Chaffre seront les auxiliaires les plus fidèles de la politique capétienne. La féodalité s'était abattue sur le patrimoine des églises comme le vautour sur la brebis.

Première croisade, restitutions d'églises aux monastères (1095-1123)

Vers la fin du XIe siècle, après héritage de son frère et dotation de sa femme, le comte de Toulouse et marquis de Provence - Raymond IV - se présentait comme le plus puissant seigneur de la France méridionale. Les possessions des comtes de Toulouse débordaient déjà sensiblement les limites des diocèses d'Uzès et de Viviers.

À cette époque ce que le langage adlministratif de Rome désignait sous le nom de Province Narbonnaise était alors appelé Provence. Par suite on qualifiait de Provençaux non seulement les habitants de la Provence actuelle, mais aussi ceux du Languedoc : Septimaniens, Toulousains, Vellaves, Vivarois, etc.

Devenu comte indivis de Provence, Raymond IV de Toulouse prend le titre de marquis de Provence en 1093, à la mort de son cousin le marquis Bertrand II de Provence, et ainsi réunit le Vivarais à son domaine. Le marquisat de Provence était constitué des territoires au nord de la Durance et à l'ouest du Rhône.

Mais les croisades allaient détourner vers un but noble et désintéressé ces chevaliers avides et turbulents; ce qui allait suspendre pour plusieurs années la marche envahissante de la dynastie de Saint-Gilles, les comtes de Toulouse. Avant de partir, les nombreux chevaliers de Languedoc et de Provence décidèrent de restituer et d'indemniser les églises des dommages qu'elles avaient subis.

Le comte de Toulouse Raymond IV prit une part brillante à la première croisade, il mourut à Tripoli en 1105.

Dans ce pays de Vivarais encore hésitant entre l'Empire et le Royaume, l'évêque Léger fut plus qu'un grand évêque; ce fut un véritable souverain.

L'essor urbain

Alors que le nombre de châteaux explose littéralement en deux siècles, la plus part d'entre eux influent directement sur l'organisation de l'habitat, imposant ou suscitant des regroupements de population sous leurs murs, et donnent naissance à nombre de villes, de villages ou de hameaux encore occupés actuellement. Clos de remparts le plus souvent, les plus prestigieux d'entre eux sont, parmi d'autres, Rochecolombe, Crussol, Vogüé, Aubenas, Tournon, ou Saint-Montan.

A partir du substrat villageois légué par la période couvrant les Xe-XIe siècles, le Vivarais connaît au XIIe et XIIIe siècles un essor urbain important, caractérisé par la multiplication de petits centres de 1.000 à 3.000 âmes au plus fort de leur démographie.

A l'exception de Viviers, née autour du groupe cathédral, de Bourg-Saint-Andéol, résidence des évêques vivarois, de Largentière, constituée autour de ses mines, ou de Villeneuve-de-Berg, de fondation royale, toutes les villes et les bourgs vivarois se sont développés au niveau de carrefours routiers importants, sous l'impulsion de l'essor commercial. Il est à ce titre révélateur que dès le XIIe siècle, ces villes deviennent places de marchés et dès le XIVe siècle, ou la fin du XIIIe siècle, places de foires. Leur population reflète d'ailleurs cette fonction économique, puisque y prospèrent de nombreux marchands, des médecins, des hommes de loi, des professions de bouche (bouchers, boulangers, grainetiers, etc). Ces villes conservent encore à l'heure actuelle de nombreux vestiges de devantures de boutiques, ainsi dans la rue des Montlaur à Montpezat, ou encore, dans la Grande Rue de Joyeuse ou dans le cœur historique d'Aubenas. Pradelles et Saint-Agrève situées dans la Montagne ne sont pas à l'écart de ce développement urbain.

Croire et Prier

Émancipation des Évêques après le Xe siècle

Profitant de l’affaiblissement de la royauté, les évêques purent gérer leurs diocèses en toute indépendance.

Vers le milieu du XIIe siècle, la Bourgogne, avait perdu l’habitude de la soumission et contracté celle de l’insolence. L’autorité de l’Empereur était fort peu respectée, encore moins obéie. La plupart des évêques vivaient dans une quasi-indépendance que leur assurait la tradition ou des chartes d’immunité concédées par les rois de Bourgogne ou les anciens Empereurs.

Aussi, lorsque l'empereur Conrad III accordait des diplômes de privilège aux Églises de Vienne, d’Embrun, d’Arles et de Viviers, il indiquait à ses successeurs une ligne de conduite qu’ils devaient suivre longtemps, jusqu’à ce que la lutte entre Innocent IV et Frédéric II obligeât la politique impériale à chercher un autre point d’appui. l’Evêque pouvait désormais se croire à l’abri des vexations et des violences des seigneurs voisins qui, sous prétexte de défendre les Eglises, réussissaient trop souvent à les dépouiller.

Mise en place du réseau paroissial à la fin du haut Moyen  Âge

Si les premières églises s'implantent majoritairement en Bas-Vivarais et dans la vallée du Rhône, il n'en est pas de même à partir des VIIIe et IXe siècles, où le réseau ecclésial s'étend à tout le Vivarais, ainsi que l'atteste le bref d'obédience des chanoines de Viviers. En cela, l'implantation ecclésiale suit la pénétration du peuplement dans les régions des pentes et sur le Plateau. On peut donc considérer qu'au Xe siècle, le réseau ecclésial, ossature du maillage paroissial, est totalement en place. Subsistent encore de cette période des édifices pré-romans remarquables comme l'église de Larnas, ou encore celle de Sauveplantade et celle de Soyons (remaniée au XIXe) qui présentent toutes les mêmes caractéristiques. Le maillage paroissial ne sera pas appelé à évoluer beaucoup jusqu'à la fin du Moyen Age : en effet même le regroupement des populations autour des châteaux aux XIe et XIIe siècles n'entraine pas de modification dans l'implantation des églises paroissiales, seules étant créées des chapelles castrales qui ne supplantent presque jamais les églises initiales. Parmi toutes ces petites chapelles castrales, les plus attachantes sont celles de Rochecolombe dotée d'un petit clocher-mur, et de Tournon, ornée de baies tardives flamboyantes.

L'essor du monachisme

"La seconde moitié du Moyen Agte est marquée en Vivarais par l'essor du monachisme, principalement cistercien, à la rtecherche d'étendues solitaires, qui vient compléter le réseau monastique issu du haut Moyen Age, représenté par les abbayes de Cruas, de Saint-Chaffre et de Soyons. L'abbaye cistercienne de Mazan, aux imposants vestiges, est fondée au cœur du Plateau en 1119 et celle des Chambons, sur les crêtes du Tanargue, l'est en 1152. Le Vivarais est aussi une terre où les ordres militaires se développent, avec la commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem de Trignan, à Saint-Marcel-d'Ardèche, ou celle de Devesset, sur le nord de la Montagne. La commanderie templière de Jalès, dont les bâtiments témoignent encore de l'importance est pour sa part implantée aux marges du Vivarais, à Berrias. Finalement, seuls les frères chartreux sont moins présents, avec seulement une implantation à Bonnefoy, sur le Plateau, dans le cadre austère et majestueux du pied du Mont Mézenc."

Dès le XIIIe siècle, puis aux XIVe et XV e siècles, les petites villes vivaroises connaissent aussi l'implantation des ordres urbains, franciscains à Aubenas, Annonay, carmes à Tournon, ou augustins à La Voulte.

Cultiver, élever et commercer

"A la fin de l'Antiquité, le peuplement était limité au Bas-Vivarais calcaire, à la vallée du Rhône et au plateau annonéen, les régions de pentes et le Plateau restant vides d'hommes, même si quelques points d'occupation ténus sont atttestés par l'archéologie. Au très haut Moyen Age, la situation avait peu évolué. Il faut attendre les IXe et Xe siècles pour que l'habitat se densifie sur tout le Vivarais, dans les vallées cévenoles et boutiérotes, ainsi que sur la Montagne. Même si l'impulsion à l'origine de cette vague de peuplement reste difficile à appréhender, le fait est que l'essentiel du territoire est occupé au Xe et XIe siècles, même si la densification et l'approfondissement de l'occupation humaine sont le fait des XIIe et XIIIe esiècles, autour d'associations culturales ou pastorales pouvant, dans certaines régions, présenter des spécificités marquées, comme dans les Cévennes, les Boutières, le talus gréseux du Bas-Vivarais ou le Plateau."

Productions spécifiques : châtaigne, vin, élevage

Les Cévennes mais aussi dans une moindre mesure les Boutières, se couvrent de châtaigniers dès les XIe et XIIe siècles au moins, et on peut avancer que la châtaigne est la ressource alimentaire première de l'essor démographique. Dès lors, les redevances perçues en châtaignes fraîches ou sèches (blanches) se multiplient, même si elles ne deviennent jamais majoritaires signe que "l'arbre à pain" est déjà bien présent sur les pentes où la culture des céréales est particulièrement difficile. La présence de châtaignes sèches dès le XIe siècle témoigne même d'une parfaite maîtrise de la production castanéicole.

Parallèlement, à partir de la fin du XIIIe siècle, le talus gréseux cévenol se signale par la présence particulièrement importante de vignes qui deviennent même dominantes d'Aubenas à Saint-Ambroix, voire exclusives à partir du XIVe siècle. Leur production est alors écoulée en direction du Massif Central. Le même mouvement de spécialisation se rencontre dans le nord de la vallée du Rhône, de SainPéray à Sarras avec une production écoulée par le fleuve en direction des villes de la vallée.

L'élevage constitue pour sa part un pilier essentiel de l'économie rurale sur la Montagne. En effet, si le bétail, ovin, caprin, mais aussi dans une certaine mesure bovin, est présent dans toutes les exploitations agricoles vivaroises, le Plateau est une terre d'élevage majeur à l'échelle du sud de la France, au moins dès la fin du XII e siècle. Les paysans se lancent aussi dans l'élevage bovin, ainsi qu'en témoigne une abondante documentation : chaque ferme dispose alors de plusieurs têtes de bétail, souvent une dizaine, qui sont élevées pendant quatre ou cinq ans avant d'être vendues. Les paysans trouvent dans cet élevage des ressources leur permessurer unes ubsistance que la terre ne leur apporte pas, puisque le climat trop rude interdit la culture des céréales, même du seigle.

C'est alors que le Plateau est largement défriché et devient, exception faîte des différentes forêts monastiques à l'origine des forêts domaniales actuelles, une étendue herbagère  sans limites, au point que dans la première moitié du XIV e siècle, plusieurs règlements seigneuriaux ou communautaires tentent de protéger les dernières forêts.

Un artisanat et une proto-industrie présents

Le Vivarais à compter des XIIe et XIIIe siècles, est une terre industrielle qui voit se développer plusieurs  activités : travail du cuir, de la laine, extractions minières, etc.

Le travail du cuir est principalement localisé autour des principales villes, puisque les peaus à tanner sont les sous-produits  de la consommation urbaine de viande. AZinsi rares sont les petites villes qui ne possèdent pas leurs "calquières", cuves de tanneur. Les tarifs des péages conservés attestent bien de cette production, puisque tyous ou presque taxent les peaux tannées sous différentes formes.

Parallèlement, l'élevage fournit aussi une autre matière première pour l'artisanat local : la laine. Cette dernière aliment de nombreux métiers à tisser et toutes les professions qui y sont liées sont très présentes dans les villes vivaroises : tisserands, pareurs et tondeurs de drap principalement. Les moulins à foulon, destinés à fouler les draps, sont aussi présents sur de nombreux cours d'eau et des aménagements parfois importants peuvent être réaliseés pour les installer, à l'image du canal de Baza, à Aubenas, long de plus de deux kilomètres et creusé dès avant lr milieud du XIVe siècle pour faire tourner les roues des moulins artisanaux.

Une troisième activité industrielle est présente en Ardèche : l'extraction minière. Difficile à cerner par la documentation écrite, on sait néanmoins que les mines  de plomb et d'argent de Largentière sont exploitées à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle. Par la suite, il est possible qu'elles aient été exploitées jusqu'au début du XIVe siècle, mai, sans doute victimes, comme de nombreuses mines médiévales, des contraintes techniques, liées à l'épuisement des eaux d'infiltration. Possession des évêques de Viviers, le métal précieux de ces mines a alimenter un atelier monétaire épiscopal où étaient frappés les deniers vivarois. L'essor de la villed e Largentière est df'ailleurs directement lié à la présence de ces mines, et ce sont elles qui expliquent le développementy de la ville dont le nom est pour le moins évocateur de ses origines.

Par-delà le cas de Largentière, plusieurs autres mines ont sans doute existé en Ardèche dès les trois deriers siècles du Moyen Age, comme probablment à Eclassan ou à Mayres, s'agissant alors d'extraction de fer.

L'essor commercial vivarois

Entre plaine languedocienne et vallée du Rhône d'une part, et Massif central de l'autre, des relations commerciales soutenues se nouent dès le XIIe siècle au moins, basées sur des complémantarités de productions. Ainsi, le sel, le vin, et dans une certaine mesure les grains sont importés du Languedoc par le Massif Central, alors que le Languedoc est tributaire du Massif Central pour ses bois et surtout, pour son approvisionnement en viande. Ainsi, un doubel courant d'échanges s'établit en Vivarais, qui se trouve en position de frontière entre ces deux mondes.

Ce courant commercial induit l'essor d'un dense réseau routier, pour l'essentiel orienté sur un axe dominant est-ouest, qui est exclusivement parcouru par des mûlets de bât. Ces nombreuses caravanes muletières ne peuvent laisser indifférents les seigneurs châtelains qui multiplent les péages, plus de 70 ayant été recensés aux trois derniers siècles du Moyen Age en Vivarais, soit en moyenne  un tyous les dix kilomètres sur les routes principales.

Dès la fin  du XIIe siècle, mais plus largement au XIIIe siècle, les marchés se multiplient autour du réseau routier, aux principaux carrefours d'itinéraires. Très rapidement, à partir des dernières décennies du XIIIe siècle, déjà de nombreuses foires émergent dans les principales bourgades de la région, qui se développent alors sous l'impulsion du commerce.

La période centrale du Moyen Age a été, en Vivarais comme dans le reste de l'Europe, une période assurément faste, d'un point de vue économique : alors que la mise en valeur de l'ensemble de la région est définitivement acquise, l'économie tant rurale qu'urbaine connaît un essor certain, qiui se caractérise par le développement du commerce et de nombreuses petites villes marchandes. Parallèlement, d'un point de vue politique, le Vivarais reste encore divisé et il ne gagne son unité qu'en perdant l'indépendance que lui a conféré l'extrême division de la société féodale locale.

Devenue terre capétienne, unifiée pour la première fois  dans le cadre du baillage de Viovarais, s'annoncent pourtant les temps les plus difficiles des deux derniers siècles du Moyen Age.

 

 

Sources

- Ardèche Encyclopédie Bonneton par Jean-Louis Roudil, Franck Brechon, Michel Riou, Pierre Cornu

- Les sociétés de l'an mil - un monde entre deux âges - Par Pierre Bonnassie Bibliothèque du Moyen Âge

- "Les origines du duché de Bourgogne" par Maurice Chaume

- Histoite du Vivarais par Jean Régné Archiviste du Département  Tomme premier (par Chanoine J. Rouchier. Largentière Imprimerie Mazel et Plancher 1914

- La Provence du premier au douzième siècle par Georges Manteyer Librairie Alphonse Picard Paris 1908

- Le Royaume de Provence sous les carolingiens  855 - 933 par René Poupardin archiviste Librairie Emile Bouillon Editeur  Paris 1901

- Mémoire d'Ardèche et Temps présent  Cahier n° 99 du 15 août 2008