Portraits d'ardéchois

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Lazare FIALON


1834 - 1906

 

Curé d'Issarlès, maître du Temps !

Issarlès a compté à la fin du XIXe siècle, un curé de génie, comme Saint-Cirgues-en-Montagne eut le sien avec l'abbé Tauleigne.

Tout jeune le curé Fialon était passionné de mécanique. A force d'études et d'observations, il se forma lui-même au délicat métier d'horloger et se mit à fabriquer quantité de montres dont une fameuse, à trois roues.

Pour faire profiter son évêque de ses talents, il fit un jour la promesse à Monseigneur Bonnet, évêque de Viviers, de lui fabriquer une montre. Le curé se doutait-il alors qu'il allait consacrer dix années de sa vie à téaliser … un véritable chef d'œuvre ?

Il commença d'abord par faire les calculs puis, ceux-ci posés, il se mit en quête du matériel. Il écrivit à plusieurs horlogers pour leur demander les pièces qui lui étaient nécessaires, mais ne put se les procurer. Il se mit en quête du matériel nécessaire à la fabrication de ces pièces, mais n'eut pas plus de chance. Loin d'être découragé, il décida qu'après avoir fait les calculs, il fabriquerait lui-même les pièces et le cadran.

Le résultat fut une montre en tout point remarquable avec ses trois quadrants coulés avec un Louis d'or et ses boitiers d'argent finement gravés de sujets religieux et portant la dédicace du curé : "hommage du créateur à son évêque".

Mais cette montre de la taille d'une simple montre de poche, avait bien d'autres particularités. Ainsi en plus de donner l'heure et les minutes avec ses deux grandes aiguilles, avec une troisième, plus petite, elle affiche "l'équation du temps", c'est à dire la quantité de temps qu'il faut ajouter ou retrancher à l'heure indiquée par un cadran solaire pour avoir l'heure locale exacte.

Son créateur de génie a pris en compte dans ses calculs la durée différente des mois (30 ou 31 jours) ainsi que l'existence d'années bissextiles tous les quatre ans. Ce qui fait que cette montre, elle-même géniale, ne peut jamais être prise en défaut… Seul reproche que se faisait le curé Fialon : celui de ne pas lui avoir mis un remontoir à bouton à la place d'une clé !…

À sa mort, l'évêque subjugué par cette création, fit rendre la montre à la famille du curé. Plus d'un siècle après, à l'heure du temps atomique et des montres à quartz parlantes, il serait intéressant de connaître ce que sont devenues ces inventions qui honorent le savoir et le savoir-faire d'un curé du Haut-Plateau ardéchois.

Il existe deux ou trois montres du type de celle fabriquée par le curé Fialon et le musée de l'Observatoire à Paris en détient un exemplaire. Ces montres diffèrent toutefois de celle créée à Issarlès par le fait qu'elles sont à double face alors que celle du curé est à face unique, comme une montre ordinaire.

Il y a encore quelques années, on pouvait voir, au fond de l'église du Lac d'Issarlès, un mécanisme d'horlogerie dû au maître du temps du Plateau ardéchois. Comme l'indique une plaque apposée dans cette même église, le temps s'est arrêté pour le curé Fialon en 1906.

 

Eulalie-Marie Fialon née en 1840 à Issarlès, était la sœur du missionnaire Fialon (puis curé du Lac-d'Issarlès) auteur de la fameuse montre taillée dans un louis d'or, indiquant les heures monacales