Portraits d'ardéchois

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André-Joseph ABRIAL,
comte de l'Empire

1750 - 1828

Homme politique français

André Joseph Abrial est né le 19 mars 1750 à Annonay en Ardèche, il est le fils unique de Jean-Pierre Abrial, maître chirurgien juré, et de Marie-Christine Murol, la famille d'André-Joseph tenait un rang honorable dans la société de petit bourgeois du Vivarais. Plusieurs membres de la famille Abrial rempliront d'importantes fonctions publiques sous le gouvernement consulaire et impérial.

Le jeune Abrial obtint une bourse au Collège d'Autun qui avait été réuni à celui de Louis-le-Grand. Il se distingue par d'excellentes études de droit.

Avant la Révolution

Il est pendant quelque temps avocat au Parlement, il est admis dans les bureaux du duc d’Aiguillon, ministre des Affaires étrangères, par la protection de Monsieur Cothonay, gendarme de la garde du roi, qui avait passé sa jeunesse auprès d’un de ses oncles, chanoine à la collégiale de Tournon.

Abrial est éloigné momentanément du barreau en raison, d'une part, d'un trouble de l'élocution (léger bégaiement) et du "coup d'État" du chancelier Maupeou contre les parlements pour reprendre en main le pouvoir judiciaire, d'autre part. En janvier 1771, Louis XV fait arrêter et exiler cent trente magistrats du Parlement de Paris . Ceux-ci seront rétablis dans leurs charges en mai 1774, par Maureps, sous LouisXVI.

Abrial est chargé, la même année 1771, par Maupeou, de la gestion d'un comptoir français au Sénégal. Obligé de revenir en France, pour raison de santé, il reprit l’exercice de sa profession d'avocat en 1776 au Parlement de Paris.

Révolution et Directoire

Abrial adopta volontiers les idées nouvelles, mais sans activisme. il mène une prudente carrière, essentiellement comme commissaire du pouvoir près la Cour de cassation.

André-Joseph Abrial
André-Joseph Abrial

 

Sa réputation de jurisconsulte ayant pris assez de consistance et d'extension, il fut nommé le 18 janvier 1791, lors de l’organisation des tribunaux, commissaire du roi au sixième arrondissement de Paris et passa très rapidement, le 3 septembre 1791, au tribunal de cassation, où il succéda à Hérault de Séchelles. Sa conduite et sa modestie le préservèrent durant cet intervalle des orages de la Révolution. Il eut soin de se renfermer strictement dans le cercle de ses devoirs, de ne tenir d’autre langage que celui de la justice et de ne céder à d’autre impulsion que celle de sa conscience.

Le 20 février 1799, Abrial est nommé à Naples, par le Directoire, commissaire civil pour organiser la République parthénopéenne, proclamée le 21 janvier 1799 par les troupes françaises commandées par le général Championnet qui se rend maître de la ville.

À son retour de Naples, il retrouve sa place de commissaire à la Cour de cassation suite à la démission volontaire de M. Jourde qui l’occupait. À la même époque, il est commissaire près de l'administration du Prytanée français.

Consulat et Empire : Ministre de la Justice puis Sénateur de l'Empire

Après le dix-huit brumaire an VIII (9 novembre 1799), le 25 décembre 1799, il est choisi comme Ministre de la Justice par le Consulat. Le premier Consul, Bonaparte, en confiant à Abrial le portefeuille de la justice, dit à ce magistrat qui obtenait sa confiance : « Monsieur, ce n'est pas moi, c'est la voie publique qui vous nomme. »

Après le 18 brumaire, il ne s'agissait rien moins que de réorganiser tous les corps judiciaires, de suppléer par des consultations aux tribunaux en l'absence des Codes, qui se trouvaient tombés dans le domaine de la prescription sans être encore remplacés par une loi nouvelle. Abrial travailla à dissiper le désordre et la confusion qui régnaient dans l’administration de la justice. Il dirigea, par de savantes circulaires, les tribunaux vers l’unité de la jurisprudence. Plus tard, il prit une grande part à l’élaboration du Code Napoléon. Il s’employa, également, à favoriser le retour des Émigrés.

C'est en tant que ministre de la Justice qu'il signe, le 29 floréal an X (19 mai 1802), le décret portant création de la Légion d'honneur.

Il quitte son poste de ministre le 13 septembre 1802; puis occupe celui de Sénateur de l'Empire dès le 14 septembre 1802. Le 14 juin 1804 il est élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'Honneur.

En 1808, l’Empereur, reconnaissant son talent d’administrateur, l’envoya en Piémont, à Gênes et à Milan, pour y introduire le Code Napoléon.

Par lettres patentes en date du 26 avril 1808, il est fait comte de l’Empire et Grand-croix de l'Ordre de la Réunion en 1813. Napoléon est témoin lors de son mariage en secondes noces, en juillet 1811, avec sa cousine Marie-Anne Rosalie Abrial.

Pendant tout le temps de l’Empire, Abrial fit partie de cette majorité du Sénat conservateur qui approuva toutes les mesures du maître, ce qui ne l’empêcha pas, le 3 avril 1814, de voter un des premiers la déchéance de Napoléon Ier. S’il aima l’Empereur qui fut son bienfaiteur et qu’il appréciait personnellement, il n’aima jamais le régime impérial; le gouvernement personnel et militaire n’allait pas avec son caractère de légiste.

Restauration

En 1814, Abrial accepta la Restauration, Louis XVIII récompensa son vote en le faisant Pair de France héréditaire le 4 juin 1814, d'où l'écarta Napoléon à son retour de l’Île d'Elbe.

Redevenu Pair de France après les Cent jours, Abrial fut un des membres ardents de la majorité royaliste. Son nom figure parmi les 139 membres de la Chambre haute qui votèrent la mort du maréchal Ney en 1815.

Le 8 mars 1816, il déposa le rapport de la commission chargée d'examiner la résolution de la Chambre des députés, relative à la suppression des pensions ecclésiastiques dont jouissaient des prêtres mariés ou ayant renoncé à leur état. Abrial combattit vivement la résolution de la Chambre, qui n'en fut pas moins adoptée.

Le 21 décembre 1816, Abrial déposa un long rapport sur le projet de loi relatif aux effets du divorce.

Le 25 février 1817, il conclut, à l'adoption du projet de loi donnant au Pouvoir le droit de renvoyer devant les tribunaux par la voie de la saisie.

Comte-pair héréditaire (ordonnance du 31 août 1817, confirmé sur majorat de pairie par lettres patentes du 20 décembre 1817).

Le 18 avril 1818, enfin, il présenta le rapport sur un projet qui réunissait, en une seule et même loi, tout ce qui concerne la contrainte par corps pour causes civiles et pour dettes commerciales.

Vers la fin de l’année 1819, Abrial devint presque aveugle (cataracte) mais ne cessa pas néanmoins d’assister aux séances de la Chambre.

André-Joseph Abrial est décédé à Paris le 13 novembre 1828. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Reposent dans la même sépulture, son épouse, son fils André-Pierre-Étienne comte Abrial (1783-1840), et Étienne-Jules comte Abrial inhumé en 1891, puis transféré au cimetière du Sud le 22 juillet de la même année. Son éloge funèbre fut prononcé à la chambre des pairs par le Comte Lemercier le 2 mars 1829.

Plusieurs membres de la famille Abrial rempliront d'importantes fonctions publiques sous le gouvernement consulaire et impérial. Un de ses proches parents est nommé commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance du Puy et un autre au tribunal de Lavaur ; un troisième, Barthélémy Abrial, vicaire général du diocèse du Puy, prête serment en cette qualité, conformément au Concordat.

 

Sources

- Le Dictionnaire Historique du Père Lachaise, Domenico Gabrielli, Paris 2000.

- Léonard Gallois, Biographie de tous les ministres, depuis la constitution de 1791, jusqu'à nos jours, 1825, Les marchands de nouveautés. Réimpression Slatkine Genève 1975.