Saint Vincent de PAUL

1581-1660

Prêtre français, canonisé. Créateur d'Institutions Hospitalières

Vincent de Paul exerça auprès des galériens - dont il était aumônier - auprès des enfants trouvés et des paysans ignorants.

Vincent de PaulVincent de Paul est né à Ranguines, petit hameau de la paroisse de Pouy près de Dax dans les Landes, le 24 avril 1581, dans une famille modeste de paysans. Vincent était le troisième de six enfants, quatre garçons et deux filles. Il participe d'abord à la garde du troupeau familial. Il fait ensuite de bonnes études élémentaires au collège des Cordeliers de Dax, là il logeait chez M. de Comet rue des Fusillés.

En 1597 il rejoint l'Université de Toulouse pour étudier la théologie pendant sept ans et est ordonné prêtre en 1600, à Château-l'Evêque, près de Périgueux.

En 1605, il dut se rendre à Marseille afin d'y recueillir un modeste héritage. Sur la voie du retour, par mer, en direction de Narbonne, il aurait été capturé par des pirates. Vincent fut emmené à Tunis, prisonnier, puis vendu comme esclave. Son dernier maître était un renégat originaire de Nice qui repentit se sauva avec Vincent. Ils abordèrent en juin 1607 à Aigues-Mortes d'où ils se rendirent à Avignon. A cette date, Vincent fut chargé d'une mission secrète auprès d'Henri IV. (cet épisode de sa vie un peu mystérieux est quelquefois mis en doute...)

En 1610 il est aumônier à la cour de la Reine Marguerite de Valois.

Il fut pendant quelques mois curé de la paroisse de Clichy, avant d'entrer en 1613 comme précepteur dans la maison d'Emmanuel de Gondi, général des galères de France. Madame de Gondi le prit pour directeur de conscience et précepteur de ses enfants. Toute cette famille s'adonnait à de nombreuses bonnes œuvres, visitait les malades, et faisait des aumônes. Madame de Gondi a joué un rôle décisif dans l’expansion de la marée caritative que Vincent a déchaînée. Entraînée par la ferveur contagieuse de son aumônier, elle prenait une part active dans les missions de ce dernier, et non seulement par ses aumônes, mais aussi par ses interventions personnelles, que ce soit en visitant et consolant les malades, en pacifiant les discordes, en réglant les querelles, ou par le soutien que, de par son autorité, elle apportait à Vincent et à ses compagnons dans toutes leurs initiatives.

Humble prêtre-paysan, Vincent de Paul a su mobiliser au service des pauvres les grands noms de la noblesse et de la bourgeoisie française, parmi elles citons:
- Madame de Gondi, épouse du général des galères de France.
- La Présidente Goussault, veuve du président de la Cour des Comptes, elle fut la première Présidente des Dames de Charité. Très fortunée et très belle, elle aimait les pauvres de toute son âme.
- Mademoiselle de Fay, de très noble naissance, elle était disgraciée quant à la nature. Elle supportait avec le sourire cette pénible infirmité, elle avait une jambe hydropique. Elle ne refusait rien aux pauvres, ni à Dieu. "Je n'ai jamais vu une âme aussi unie à Dieu" disait d'elle M. Vincent.
- La Duchesse d'Aiguillon, nièce du Cardinal de Richelieu, elle disposait d'une fortune colossale qu'elle distribua en bonnes oeuvres.
- La Reine Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII, elle n'oublia jamais que M. Vincent avait assisté le défunt roi à son lit de mort.
- La Princesse de Condé, mère du vainqueur de Rocroy, elle était le grand appui financier de Louise de Marillac.
- Louise de Gonzague, très mondaine, cette haute princesse était pourtant très assidue à visiter les malades de l'hôtel-Dieu qu'elle se plaisait à combler. Devenue Reine de Pologne, elle voulut absolument avoir des Soeurs de Charité et des Missionnaires. M. Vincent ne put les lui refuser.
- Madame de Miramion, admirable apôtre, elle fonda une Maison d'Enfants Trouvés et un Refuge pour filles perdues.
- Madame de Polaillon, ouvrait de son côté un foyer pour jeunes filles en danger moral.
- Madame de Lamoignon, épouse du Premier Président du Parlement de Paris, elle recevait tous les pauvres en son magnifique hôtel particulier. "Vous allez nous réduire à la mendicité", gémissait le Président.

Quelques dates décisives

Gannes – Folleville, 25 janvier 1617

En janvier 1617 donc, M. Vincent est précepteur dans la famille des Gondi, il a 36 ans. Il traverse alors une grave crise spirituelle et morale et vit dans le désenchantement. Deux événements vont le bousculer et, redonner sens à sa vie.

• Un jour, Vincent est appelé auprès d’un mourant dans le village voisin de Gannes ; le vieillard lui fait une confession publique et générale.

• Le lendemain, à la demande de Mme de Gondi, il lance un appel à la confession au cours d’un sermon dans la paroisse de Folleville. La réponse massive des villageois à cet appel lui fait brusquement prendre conscience de l'extrême dénuement dans lequel vit une grande partie de la population du pays. Mais il comprend également que l'aide qu'il veut apporter se doit d'être organisée pour être efficace à grande échelle. Il décide d'aller évangéliser les gens des campagnes de Châtillon dans la région de Lyon.

Fondation de la Confrérie de la Charité (1617)

Il crée la première "Confrérie de la Charité", composée de dames modestes travaillant pour les pauvres et les malades dans la paroisse de Châtillon-de-Dombes (Châtillon-sur-Chalaronne ) dans l'Ain.

Nommé aumônier général des galères en 1618 il fit tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer le sort des forçats, les assister et les consoler.

Après la mort de François de Sales en 1622, il devint le supérieur du premier monastère parisien de l'"Ordre de la Visitation Sainte-Marie".

Fondation de la Congrégation de la Mission (1625)Saint Vincent de Paul statue

Puis en 1625, Madame de Gondi mit à la disposition de Vincent les moyens de fonder, au Collège des Bons-Enfants, une congrégation de missionnaires dont Vincent fut le supérieur, afin de poursuivre auprès des paysans de ses domaines, le bien que sa famille avait entrepris. C'est l'année de la fondation de la "Congrégation de la Mission". C'est en 1633 que le nom de "Lazaristes" fut donné à cette congrégation lorsqu'elle établit son siège à l'ancien prieuré Saint-Lazare à Paris, Ce prieuré avait été cédé à la congrégation par les chanoines réguliers de Saint-Victor.

"Monsieur Vincent" ne se contenta pas de diriger l'ordre, mais créa avec d'autres personnes plusieurs organisations charitables.

Fondation des Filles de la Charité (1634)

Vincent fut secondé dans la gestion et les visites par Marguerite Naseau de Suresnes chargée du service de la "Confrérie de Saint-Nicolas-du-Chardonnet", à Paris, et fut bientôt suivie d'autres jeunes filles, pour la plupart, issues comme elle du milieu rural. Une femme pieuse et dévouée Mademoiselle Legras ( Louise de Marillac) l'aida à fonder en 1634 l'"Institution des Filles de la Charité" ("Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul") pour le service des pauvres et des malades. Cette institution était la suite de la Confrérie de la Charité crée à Châtillon mais à Paris cette fois, où des Dames de la noblesse ou de la haute bourgeoisie se sont engagées, entraînées par le zèle et l'enthousiasme apostolique de Vincent.
Rapidement la France entière se couvrira d'un vaste réseau de "Charité", depuis la cour de Saint-Germain jusqu'aux villages de la France profonde.
Ces bonnes volontés, vouées à Dieu pour le servir à travers les Pauvres, étaient dispersées dans Paris, chacune au service d'une Confrérie différente; Louise de Marillac perçut la nécessité de les regrouper, afin de mieux les former et les accompagner dans leur service, tant corporel que spirituel.
En novembre 1633, elle reçut chez elle les six premières "Filles" ( à l'époque, ces "Filles" étaient servantes des "Dames" des Charités). C'était une nouveauté dans l'église, qui n'admettait pas que des Religieuses soient hors des cloîtres...

Quel que soit le lieu où il s'exerce, le service est encore aujourd'hui défini comme corporel et spirituel: il s'adresse à tous, malades de tous âges, handicapés physiques; les enfants abandonnés ou défavorisés sont accueillis ou pris en charge; les démunis, les prisonniers sont secourus.

En 1633 sont instituées les "Conférences du Mardi" où se retrouve régulièrement l'élite du Clergé (Bossuet et d' autres).
La même année voit encore la "Fondation de la confrérie de l'Hôtel-Dieu" à Paris où interviennent les Filles de la Charité.

On lui doit la création des hôpitaux de Bicêtre pour les aliénés, de la Pitié, de la Salpétrière pour les pauvres, en 1654 l'Hôpital du Saint Nom-de-Jésus à Paris pour les vieillards.

Fondation de l'Œuvre des Enfants Trouvés (1638)

En 1638 débute l'œuvre des "Enfants Trouvés". Il créa pour cela un établissement pour les enfants trouvés. Le sort de ces malheureux fut longtemps incertain malgré ses efforts. En 1648 il convoque une assemblée de dames charitables et prenant la parole il rappelle que l'œuvre en a déjà sauvé six cents mais que les ressources manquent pour poursuivre. Ses paroles furent pathétiques et convaincantes, puisque le jour même l'hôpital des enfants trouvés avait trouvé les capitaux pour poursuivre sa tâche.

Il créa également des retraites spirituelles au cours desquelles se retrouvaient des gens de toutes conditions, le pauvre et le riche, le laquais et le seigneur priaient ensemble et prenaient leurs repas au même réfectoire.

Vincent assiste Louis XIII dans ses derniers moments en 1643. Un peu plus tard il est nommé au "Conseil de Conscience" (Conseil de Régence pour les affaires ecclésiastiques) par la régente Anne-d'Autriche

Pendant les troubles de la Fronde, il soulagea la misère publique. Vincent organisa également des collectes à Paris pour porter secours aux victimes des guerres de Religions; il fut perçu comme un véritable ministre de l'assistance.

Envoi de Missions

Son action ne s'arrêtait jamais. Il envoyait ses missionnaires dans tout le royaume et à l'étranger:
- 1639 voit Vincent organisé les secours en Lorraine (ravagée par la guerre, la peste et la famine).
- 1646 Fondation de la mission d'Alger.
- 1648 Fondation de la mission de Madagascar.
- 1649 Démarche de Saint Vincent auprès de la Reine et Mazarin en faveur de la paix.
- 1651 Vincent organise des secours en Picardie, Champagne et Ile-de France, dévastées par la guerre. C'est l'année de la Fondation de la mission de Pologne.

Accablé d'infirmités et de souffrances à la fin de sa vie, il mourut à Saint-Lazare le 27 septembre 1660. Louise de Marillac était décédée peu de temps avant lui le 15 mars 1660. On lui fit des funérailles exceptionnelles. Toutes les œuvres qu'il avait créées étaient représentées, Les princes se mêlaient aux pauvres dans la foule venue honorer le bienfaiteur que l'on vénéra comme un saint.

Il fut béatifié par Benoît XII le 12 août 1729 et canonisé par Clément XII le 17 juin 1737. Actuellement son corps est exposé dans la Chapelle des Lazaristes, 95, rue de Sèvres, à Paris-VIe.