HIPPOCRATE le Grand

460-356 avant J.C.

Médecin grec

"J'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté"

Hippocrate la plus grande figure de la médecine antique ne créa pas la médecine ; il était en fait le descendant d'une longue lignée de médecins enrichis par les observations médicales de plusieurs siècles.

La légende a jeté Hippocrate dans le monde des grands hommes ; certains font remonter sa généalogie aux dieux de l'Antiquité : à Hercule par sa mère et à Esculape par son père. Il aura pour maîtres les plus grands hommes de son époque, le plus illustre est Démocrite qu'il traitera plus tard de fou. Il est en correspondance avec les puissances de la terre, les rois et les philosophes : Platon et Aristote sont parmi ceux-ci

 

Hippocrate sculpture

Bien davantage que le "père de la Médecine," il en est le réformateur: dans le traité de "L'ancienne médecine", il déclare que depuis longtemps la médecine est en possession de toutes choses, mais il y attaque ceux qui veulent faire reposer la science médicale sur des hypothèses.

Sa vie aussi bien publique que privée ne nous est pas parfaitement connue; beaucoup d'historiens ont romancé cette vie que chacun voulait parfaite et exemplaire. L' histoire cependant est tenue de se montrer plus sévère dans son jugement, plutôt que de recourir aux fictions dans le but d'instruire les hommes.

On s'accorde à penser qu'Hippocrate est né la première année de la quatre-vingtième olympiade, vers 460 avant Jésus-Christ sur l'île de Cos, une île de la mer Egée, en Asie Mineure, au temps de la splendeur d'Athènes, dans le grand siècle de Périclès, dans une famille vouée au culte d'Asclépios, le dieu grec de la médecine, qui y avait un temple.

Selon un auteur grec, Soranos, Hippocrate appartenait à l'illustre famille des Asclépiades - des prêtres médecins - il était le fils d'un nommé Héraclide, qui se disait descendant d'Asclépios (Esculape), ce qui lui conférait une origine divine en descendance d’Apollon.

Hippocrate apprend la médecine sacerdotale et l'anatomie auprès de son père, Héraclite

Grèce Kos

Il quitte très jeune son île natale. Il eut l'occasion de s'instruire au cours d'un voyage durant douze années à travers le monde, qui le mène à Athènes pour y étudier auprès de Gorgias, puis en Thrace, en Thessalie et auprès de Perdiccas roi de Macédoine, les îles de la mer Egée, l'Asie Mineure, l'Egypte [i1 n'est pas impossible qu'au cours d'un de ces séjours en Egypte, il ait pu avoir connaissance du papyrus médical désigné actuellement par le terme de papyrus Edwin Smith , l'Italie. Après avoir rencontré les hommes les plus distingués et les plus illustres de l'époque dans toutes les branches de la connaissance humaine; il rentre à l'île de Cos, ayant appris qu'une épidémie de peste sévissait à Athènes. Il se met au service de sa patrie bien que le roi de Perse lui offre de nombreux présents pour l'attirer dans sa cour. Un document de la bibliothèque nationale (n° 7028) indique qu'Hippocrate, arrivé à Athènes décima la peste en faisant allumer de grands feux par toute la ville et en ordonnant de suspendre partout des fleurs odorantes, il aurait remarqué que les forgerons et toux ceux qui travaillent avec le feu étaient exempts de la maladie pestilentielle.

S'il existe de nombreux récits à la gloire d'Hippocrate, il était inévitable que d'autres récits peu crédibles tentent de discréditer l'image du personnage. Ainsi certains lui imputèrent l'incendie de la bibliothèque de Cnide, ainsi que celle de Cos non sans en avoir auparavant recopié tous les documents intéressants pour son usage personnel.

Sa réputation commença à s'établir pendant la guerre du Péloponnèse entre 431 et 404 av. J.C. Au moment de la guerre du Péloponèse, au IVe siècle avant JC, les médecins sont encore pour certains organisés avec les prêtres autour d’établissements de soins, les asclépeions. Il s’agit de temples dédiés aux malades. Mais ces lieux ont une démarche contraire à celle souhaitée par Hippocrate, car irrationnelle, fondée sur la croyance dans les miracles et témoignant de la forte imprégnation psycho-somatique, voire parfois hystériforme du peuple grecque.

Ecole d'Hippocrate

Pour se dégager de cette approche des asclépeions, et pour revenir au sens d’Hippocrate (qui n’enseignait et ne pratiquait pas dans un temple), les écoles de médecins voient le jour. Les médecins gagnent alors leur vie en offrant leur service à de riches marchands, ou à des hommes politiques. Dans le même temps ils prodiguent leurs soins aux esclaves, aux pauvres et aux soldats.

Vers l'an Platane Kos420 avant Jésus-Christ il fonde son école. Il tenait, selon la tradition, ses consultations sous le platane de la ville de Cos (en réalité, la ville semble avoir été fondée après sa mort...). Le Maître de Côs a fondé (ou tout au moins profondément modifié) dans son île natale, un centre médical, lieu de rencontre et d'enseignement, qu'il dirigera jusqu'à sa mort.

La grandeur du personnage apparaît à travers le portrait qu'il dresse du médecin:

"On le reconnaît à son extérieur simple, décent et modeste. Il doit être grave dans son maintien, réservé avec les femmes, affable et doux avec tout le monde. La patience, la sobriété, l'intégrité, la prudence, l'habileté dans son art sont ses attributs essentiels" (De Decenti Habitu).

"Guérissez quelquefois gratuitement en ayant comme seul espoir la reconnaissance et l'estime des autres. Si l'occasion se présente, secourez l'indigent et l'étranger car, si vous aimez les Hommes, vous aimerez votre Art. Lorsque vous serez appelés à disserter sur votre travail, n'employez jamais de grands mots et bannissez les discours pompeux Si une maladie vous offre le choix entre plusieurs moyens de guérison, choisissez toujours le plus simple et le plus pratique à appliquer, c'est la voie que doit prendre tout homme éclairé qui ne cherche point à en imposer ". La profession se fonde sur le concept de compétence médicale, concept rapportée par Socrate.

Hippocrate tient l'un des premiers rangs parmi les écrivains de l'Antiquité. Ses œuvres suscitent encore l'admiration enthousiaste, les attaques passionnées, les commentaires les plus divers.
Il n'est pas moins à la fois un grand philosophe et un habile médecin. La réputation commence dès son vivant. Socrate déjà le donne en exemple à ceux qui veulent devenir de bons médecins. Sa renommée est telle qu'elle efface presque tous les autres médecins si bien que beaucoup d'écrits de ses prédécesseurs (ou de ses contemporains) et même de ses successeurs sont confondus et inscrits sous son nom.

L'œuvre écrite d' Hippocrate, à laquelle on a donne le nom de Collection hippocratique [l'Hexacontabiblos, recueil des Soixantes livres ou encore Corpus Hippocraticum] représente actuellement 45 ouvrages, mais ils montrent une telle hétérogénéité, qu'il est certain qu'ils ne lui sont pas tous attribuables car il est difficile de savoir avec précision comment s'est formée cette collection et où ont été puisé les éléments qui la constituent. Elle a du moins le mérite de nous présenter l'état des connaissances médicales à la fin du V ème siècle et au début du IV ème siècle avant Jésus-Christ. Ses écrits montrent qu'il avait une assez bonne connaissance de l'ostéologie mais qu'il ignorait presque tout de l'organisation anatomique du corps humain.

Après avoir été regroupés par les savants et bibliotécaires de la Bibliothèque d'Alexandrie sous le nom "d'Ecrits de la Petite Tablette", les écrits d'Hippocrate furent encore maltraités, en particulier, sous le règne d'Adrien. Il est cependant possible de reconnaître, sans trop de risques d'erreurs, les écrits de la main d'Hippocrate:
- les écrits du Maître sont rédigés en dialecte Ionien.
- l'auteur y évite toute répétition inutile et ne se borne à exprimer que le strict minimum indispensable.
- leur concision extrême les rend parfois incompréhensibles.

De nombreux spécialistes se sont attachés à remettre de l'ordre dans ce chaos d'ouvrages, en particulier le philologue français Littré et le chirurgien lyonnais Pétrequin qui lisait et écrivait le grec à la perfection. Sur l'ensemble de la collection une douzaine d'ouvrages peut être attribuée avec certitude à Hippocrate: les Aphorismes, L'Ancienne Médecine, le Pronostic, les Epidémies, le Régime dans les Maladies aiguës, le code de déontologie que l'on peut estimer à juste titre qu'il en est le créateur. En ce qui concerne la Chirurgie qui correspond à 5 traités : les Articulations, Des fractures, Des plaies de la tête, de l'officine du médecin, le Mochlique, les 3 premiers sont de la main de Hippocrate, les deux derniers pourraient ne pas l'être, mais une lecture détaillée semble bien montrer que, tous les cinq procèdent du même esprit et donc, vraisemblablement, du même auteur.

Les autres ouvrages seraient l'œuvre de ses fils Thessalus et Dracon, de son gendre Polybe qui lui succéda dans l'enseignement de la médecine à Cos, et de ses élèves; une dizaine d'ouvrages sont attribués aux médecins de l'école de Cnide, voisine et rivale de l'école de Cnos.

La profession médicale s’organise ainsi autour de règles:


- l’obligation morale de la connaissance et transmission du savoir,
- l’égalité de la prise en charge des hommes face à la souffrance et à la maladie,
- la défense de la vie,
- la défense du secret professionnel, qui ne constitue par un privilège de la profession, mais un droit fondamental du malade.

L’art d’être médecin est depuis lors guidé par :


- d’une part l’instruction des règles et,
- d’autre part l’expérience personnelle. Cette expérience est décrite comme devant reposer sur l’interrogatoire et l’examen du malade.

Serment

Il définira les rapports entre le médecin, son patient et la collectivité, ainsi que les principes qui doivent régir l’exercice de la profession à travers le serment d’Hippocrate :

Serment d'Hippocrate

Serment d'Hippocrate
"Je jure par Appolon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants : je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins. Je tiendrai ses enfants pour des frères et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part des préceptes, des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je les écarterai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion. Semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif (condamnation de l'avortement). Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté. Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille, je la laisserai aux gens qui s'en occupent (L'interprétation de cette partie du texte est délicate, peut être Hippocrate voulait-il refuser la castration) . Dans quelque maison que j'entre, j' y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves. Quoi que je voie ou entende dans la société pendant l'exercice ou en dehors de l'exercice de ma profession je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais parmi les hommes, si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire !"

Hippocrate eut de nombreux disciples qu'il initiait à son Art. Par contre, il exigeait d'eux un Serment qui porte maintenent son nom, et appartient probablement à l'Ecole de Cos ou en tout cas à des contemporains. Le Serment est, par la beauté de la forme et par l'élévation des idées, un des plus précieux monuments de la littérature grecque.

C'est aujourd'hui le Serment que prêtent les étudiants en médecine lors de la soutenance de leur thèse. Il instaure la confraternité entre médecins, l'égalité des hommes devant la maladie, la défense de la vie avant tout et le respect du secret médical.

 

La méthode hippocratique

La méthode hippocvratique est donc une méthode pragmatique qui se distingue alors nettement des méthodes religieuses ou magiques faites d’incantations.

Au moment de la mort d’Hippocrate en 377 environ avant JC, la médecine s’est donnée ses propres repères et éléments de réflexion, indépendant des croyances religieuses. Platon, bien que non médecin, les expose dans ses dialogues ; ils constituent les éléments clefs de l’évolution du métier de médecin. Il s’agit de

-- L'application des quatre éléments naturels au corps humain

La médecine et la physiologie d'Hippocrate reposent sur les mêmes hypothèses que celles des philosophes naturalistes : quatre éléments fondamentaux (le feu, l'eau, la terre et l'air) sur lesquels se plaquent quatre caractères entrant dans la composition du corps humain (le chaud, le froid, le sec et l'humide)

-- La théorie des Humeurs

De même il expose la théorie des humeurs : le sang, la lymphe ou phlegme, la bile jaune et la bile noire ou atrabile.
Il conçoit par ailleurs le « pneuma » appartenant à l’air et au feu, et qui caractérise le souffle vital. L'homme est malade lorsqu'une de ces humeurs est trop abondante ou se trouve altérée. Sous l'action des forces curatives de la nature, une crise peut se produire et cette humeur est expulsée avec les émonctoires (sueurs, urines, sang, bile, selles). Le rôle du médecin est d'aider la nature en utilisant des gestes ou des médicaments agissant dans le même sens (similia similibus curantur), soit au moyen des évacuants saignée, purgatifs, clystères vomitifs et diurétiques; soit au moyen de révulsifs, ventouses et pointe de feu.

Face à une médecine où règnent mysticisme et superstitions, il recommande l'observation systématique des faits avant d'énoncer les hypothèses.
Hippocrate met en avant l'intérêt capital de l'interrogatoire et de l'examen du malade; il ne s'intéresse guère qu'aux symptômes généraux, tels les modifications du sommeil, de l'aspect physique, du caractère, de la sueur, des urines et des selles. Il utilise une pharmacopée mêlant matières minérales, végétales et animales.
Plutôt que d'attribuer le mal à une volonté ou une vengeance divine, il est le premier à prendre en considération l'influence de facteurs tels que le climat, l'état de l'atmosphère, la température, l'influence des saisons, des pluies, des vents et des orages, l'âge du malade ou le régime alimentaire, sur la santé.

Il pratique également la chirurgie grâce à de nombreux instruments et objets de pansement. Il pratique l'extension et la contre-extension des fractures et des luxations; il arrête les hémorragies en faisant des compressions avec des éponges et recouvre les plaies de compresses imbibées de vin chaud.
Il pratique des interventions pour évacuer les calculs rénaux, extirper les hémorroïdes et même des trépanations. Les cancers, hernies étranglées et calcul de la vessie sont considérés comme inopérables.

En obstétrique, il sait transformer une présentation vicieuse en présentation du sommet et dans les cas désespérés pratique l'embryotomie.

Avant Hippocrate il existait des écoles médicales, les unes en pleine activité, les autres déjà tombées en décadence. Hippocrate a personnellement combattu l'une de ces écoles: celle de Cnide, il a discuté les théories contenues dans les livres de ses contemporains ou de ses prédécesseurs contribuant ainsi sans doute à faire disparaître les productions de la littérature antérieure.

Ce qui distingue Hippocrate, c'est une haute idée de la médecine, de son étendue, de sa difficulté, de son but; un perpétuel souci de la dignité médicale et des devoirs de la profession, une répulsion pour ceux qui la compromettent, enfin une continuelle sollicitude du soulagement des malades. Il exposera toute la difficulté de l’art d’être médecin : " il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore faire que le malade, les assistants, et les choses extérieures y concourent ".

Hippocrate montre les difficultés qui entravent l'étude et la pratique de la médecine: ennuis et répugnances qu'il faut vaincre pour l'exercer, l'ingratitude des malades, le défaut de discernement que le vulgaire met à juger ce qui concerne la médecine et les médecins.

Hippocrate unissait une vaste expérience médicale à une grande pratique des hommes, Hippocrateayant étudié non seulement en médecin mais aussi en philosophe, il joignait la noblesse du caractère à la profondeur de l'esprit. Il critique parfois ses confrères mais sait aussi reconnaître ses erreurs, en indiquer la source afin que les autres médecins évitent d'y tomber.

Dans l'un de ses traités, il s'élève avec force contre les médecins qui se contredisent mutuellement dans leurs prescriptions et qui, de cette manière discréditent tellement leur profession aux yeux du vulgaire, qu'on se persuade qu'il n'y a réellement point de médecine ou qu'on la compare à l'art de la divination.

Tout ce qui reste de lui, tous ses enseignements, ses écrits montrent bien qu'il n'a rien voulu créer de nouveau, mais qu'il a refondu t réformé ce que ses ancêtres avaient déjà imaginé et que ses contemporains appliquaient parfois sans discernement.

Hippocrate ne paraît pas avoir eu de véritables successeurs dans la voie où il entra: on ne peut lui comparer dans l'Antiquité que Socrate, Platon et Aristote.

Après de nombreux voyages, il retourna en Grèce, il aurait terminé son existence à Larissa où il mourut vers 370 avant J.C. L'âge de sa mort est incertain. Les uns le font vivre jusqu'à 85 ans, d'autres jusqu'à 109 ans. Comme si l'on ne pouvait se décider à laisser mourir un homme aussi illustre "ce médecin philosophe, égale aux Dieux", qui demeurera l'un des géants de la médecine, il y a 2450 ans.

D'Hippocrate il reste une éthique à laquelle, en prêtant encore aujourd'hui le fameux "serment", les médecins rendent un juste tribut, et qui fait du médecin de Cos le père, sinon de la médecine moderne, du moins de la déontologie médicale.

Aphorismes

Il se distingue par sa volonté de théoriser la pratique médicale, en établissant des procédures et des règles fondées à partir de l’observation des maladies, de leurs contextes, de leurs évolutions.

Plus qu'à tout autre ouvrage, c'est sans contredit aux "APHORISMES" ("sentence d'un grand sens énoncée en peu de mots") qu'Hippocrate doit sa grande popularité. Ce livre, édictant des principes généraux à apprendre par cœur par les disciples, est dans toutes les bibliothèques, entre toutes les mains non seulement des médecins qui les apprendront par cœur jusqu'au XVIII ème siècle mais encore des gens du monde. Cette méthode d’apprentissage de la médecine, fondé sur des maximes et le par cœur perdurera tout au long de l’histoire du métier de médecin. Cet ouvrage constitue une sorte de compilation des réflexions hippocratiques. Ce seul livre aurait suffi sans doute à assurer à son auteur une immortelle renommée. Nous citons ci-après quelques-uns de ces aphorismes; si certains prêtent parfois à sourire pour la forme, ils n'en restent pas moins très habiles dans la vérité de l'observation. L'ouvrage a été divisé en sections.

Première section

- Les œuvres de la médecine doivent se régler sur les opérations de la nature: "La vie est courte, l'art est long, l'occasion est prompte à s'échapper, l'empirisme est dangereux, le raisonnement est difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore être secondé par le malade, par ceux qui l'assistent et par les éléments extérieurs". (Aphorismes 1ere section, 1)

- Proposition sur la thérapeutique, sur le régime des malades: " Pour les maladies extrêmes, ce sont les traitements d'une rigueur extrême qui ont la meilleure efficacité." (Aphor. 1ere section, 6)

Deuxième section

- Proposition générale sur le pronostic:
- "Au sortir d'une maladie, bien manger, sans que le corps en profite est un signe fâcheux."
- "Les vieillards sont en général moins sensibles aux maladies que les jeunes gens; mais les maladies chroniques qui leur surviennent ne finissent le plus souvent qu'avec eux."

-"de deux douleurs, la plus forte obscurcit l'autre", (Aph, 2ème section, 46) suggère que pouvait être employée une technique de stimulation douloureuse à distance du site opératoire, dans le but de diminuer l'intensité de la douleur causée par un geste thérapeutique (réduction de fracture).

Troisième section

- Saisons et âges comme causes déterminantes et modificatrices des maladies:
"Toutes les maladies surviennent dans toutes les saisons, néanmoins, certaines naissent ou s'exaspèrent plutôt dans certaines saisons."

Quatrième section

- Se rattache au pronostic, évacuations artificielles:
"En été, il faut surtout purger par en haut; en hiver par en bas."
"Chez un individu pris de fièvre, si le cou se tourne subitement, et si la déglutition est difficile sans qu'il y ait de tumeur, le cas est mortel."

- En effet du froid et du chaud:
"Réchauffez les parties refroidies, celles qui sont le siège d'une hémorragie ou qui vont le devenir."

Cinquième section

- Gynécologie-Obstétrique:
"A la suite d'une perte , un spasme ou la lipothymie sont de mauvais signes."
"Quand une femme n'a pas conçu et que vous voulez savoir si elle peut devenir féconde, enveloppez-la d'un manteau et faites-lui des fumigations par en bas. Si l'odeur vous paraît arriver à travers son corps jusqu'à ses narines et à sa bouche, sachez que ce n'est pas d'elle que dépend la stérilité."
- "Les gonflements et les douleurs sans plaie dans les articulations, les ruptures (fractures?) sont généralement soulagés par d'abondantes affusions d'eau froide qui diminuent la tuméfaction et amortissent la douleur; un engourdissement modéré a la propriété de dissiper la douleur "(
Aph, 5ème section, 543)

Sixième section

-Les 24 premières sentences contiennent l'exposition et l'appréciation des épiphénomènes des complications dans les maladies et de la succession des maladies les unes aux autres:
"Du frisson avec de la sueur, ce n'est pas avantageux."
"A la suite de violentes douleurs dans la région du ventre, le refroidissement des extrémités est mauvais."

Une soixantaine d'ouvrages sont attribués (ou attribuables) à Hippocrate, mais il est difficile de savoir quels sont ceux véritablement de sa main, citons:
- Le Serment,
- De la Nature de l'Homme,
- Des Airs, des Eaux et des Lieux,
- Traité sur les Articulations,
- Traité sur les Fractures,
- Traité sur les Maladies de la Tête,
- Traité du Pronostic,
- Régime,
- Maladies de la Femme,
- Le Livre des Epidémies,
- Maladies Sacrées,
- Aphorismes.

Sources

- Traductions de Littré (1839 à 1861) et d J.E. Pétrequin (1878).

- Connaître, soigner, aimer. Le Serment et autres textes, choisis dans le Corpus hippocratique. Présentation et notes de Jean Salem. Paris, Éd. du Seuil (coll. "Points"), 1999, 286 p.

- Les Aphorimes Traduits du grec. Préfacés et annotés par le Dr Daremberg (livre club du libraire).