Louis-René DESBOIS de ROCHEFORT

1750-1786

Médecin français

On doit le considérer comme un de ces hommes qui, sans laisser de nombreux témoignages écrits de leur savoir, n'en méritent pas moins notre attention à cause de l'influence qu'ils ont exercée.

Louis-René Desbois de Rochefort est né le 9 octobre 1750 à Paris, il est le fils de Louis-René Desbois, docteur en médecine de la Faculté de Paris et de Marie-Thérèse Syrand.

Après ses premières études, Desbois de Rochefort suivit à Sainte-Barbe, un cours de philosophie, et, à peine âgé de 22 ans, il se présenta au concours ouvert à la Faculté de médecine, pour obtenir la réception gratuite. Le prix de Diest : institué par la libéralité posthume de Jean de Diest, offre au lauréat la remise de tous ses frais d'étude. Le concours, qui a lieu tous les deux ans depuis 1766, est ouvert à tous ceux qui pourront présenter :
- des lettres de baptême attestant qu'ils ont atteint leur vingt-troisième année,
- des témoignages signés de personnes dignes de foi et de condition honnête, attestant leurs honorabilité et bonnes mœurs,
- la preuve d'une formation préalable suffisante, certificat de maîtrise ès-arts de l'Université de Paris ou de docteur en médecine d'une autre faculté.
(Parmi ces trois pièces, l'extrait baptistaire, d'ailleurs demandé à toute personne voulant suivre des études médicales, apporte en outre la preuve de l'appartenance nécessaire du postulant à la religion catholique, puisque la faculté refuse d'instruire les hérétiques.)

Desbois ne réussit pas le concours, mais ce fut avec gloire. Son concurent venant à mourir, la Faculté décerna à Desbois le prix qu'elle avait regretté de ne pas pouvoir partager. Mais Louis Desbois de Rochefort est finalement lauréat du prix de Diest, membre en 1777 de la Société royale de médecine de Vicq-d'Azyr, qu'il quitte en 1780 pour rentrer dans le giron de la Faculté.

Né avec de vives passions, il les conserva toute sa vie ; dans ses études, sa pratique et dans ses relations d'amitié, qui furent nombreuses, car il était bon et généreux jusqu'à l'excès. Desbois de Rochefort

Il commença sa carrière à Sainte-Barbe. En 1780, à trente ans, il devint médecin de l'Hôpital de la Charité, place toujours honorée par le mérite et qui conduisait infailliblement à la célébrité. Cet hôpital était le seul où l'on pût se livrer convenablement à l'observation des maladies internes. Desbois y donna le premier exemple de ces leçons de clinique.

Doué d'un coup d'œil rapide et d'un excellent jugement qui lui permettaient d'apprécier les vrais caractères des maladies, les ressources de la nature et celles de l'art. Un grand nombre de bons médecins se sont formés à cette école, parmi eux le baron Corvisart, que l'on s'accordait à regarder comme le plus habile professeur de clinique de son temps.

Desbois brilla comme professeur, bien qu'il fut peu méthodique dans l'expositions de ses doctrines, et peu châtié dans son élocution, il ne publia aucun ouvrage de son vivant.

Son ami et successeur à la Charité est Jean-Nicolas Corvisart des Marets qui devient en 1795 titulaire de la chaire de clinique interne de l'Ecole de santé de Paris, et premier médecin de Napoléon.

Cure de raisin

Il semble qu'aucun médecin, avant le XVIIIe siècle, n'ait recommandé la cure de raisin proprement dite. Le premier à l'avoir fait - à notre connaissance - fut Desbois de Rochefort, qui écrivait : "Le raisin est, d'après l'expérience de beaucoup de praticiens et la mienne propre, le meilleur fondant de la bile. Il est très bon dans les engorgements des viscères abdominaux, les jaunisses très rebelles, la fièvre quarte avec engorgement du bas-ventre, surtout dans la maladie noire, l'hypocondrie et les maladies cutanées, car c'est un excellent dépuratif ; mais il ne faut pas le donner à légère dose".

Recherche du plomb dans le vin

En 1793, Jean-Nicolas Corvisart de Marets publie un cours de son maître Louis Desbois de Rochefort qui nous relate que : " Les marchands de vin, qui sophistiquent le vin, & le rendent plus sucré avec la litharge, le minium, ou même le blanc de plomb, qui est un sel acéteux de saturne : aussi ceux qui sont obligés de boire de ce vin, sont sujets à des indispositions, à de légères coliques, à des constipations, à quelques légères envies de vomir, à des faiblesses dans les membres. Pour s'assurer si ces symptômes sont dus au plomb, il faut essayer le vin. Pour cela, on verse dans le vin un peu de foie de soufr en liqueur (combinaison d'alacali fixe avec le soufre). Si le précipité, que ce foie de soufre occasionne toujours, est blanc, ou n'est coloré que par le vin, c'est une marque que ce vin n'est point altéré par le plomb : si, au contraire, ce même précipité est sombre, brun ou noirâtre, c'est une preuve qu'il en contient. On reconnoît encore que le vin est altéré par la litharge & autre chaux de plomb, en en faisant évaporer quelques pintes à siccité ; fondant ensuite le résidu dans un creuset, on retrouve, dans ce cas, un petit culot de plomb réduit au fond du creuset après la fonte (pour la partie de plomb qui ne s'est pas évaporée si la température était vive)".

L'auteur ajoute : « Dans le Poitou, où les vins sont assez aigres & peu spiritueux, les marchands les dulcifient avec le plomb : aussi la colique de plomb étoit-elle originairement connue sous le nom de colique du Poitou (colica pictonum) »

Ayant peu vécu, et trop occupé par ses malades, ce médecin de grande réputation, et qui enseigna à d'illustres élèves, parmi lesquels Corvisart, ne publia aucun ouvrage de son vivant. C'est Corvisart qui publia, à titre posthume, les seuls manuscrits laissés par son maître et son ami, en le préfaçant de l"Eloge de Monsieur Desbois de Rochefort", qu'il avait lu en Faculté de Médecine en 1787 (erreur sur les pages de titre, datées toutes 2 de 1779) sous le titre: Cours élémentaire de matière médicale, suivi d'un précis de l'art de formuler.

Desbois de Rochefort est mort le 26 janvier 1786 à Paris.

 

Sources

- Louis-René DESBOIS DE ROCHEFORT, Cours élémentaire de matière médicale, Tome I, Paris : Mécquignon l'aîné, nouvelle édition par L.M. Lullier-Winslow, 1817,