Hans-Gerhard CREUTZFELDT

1885-1964

Psychiatre et neurologue allemand

Neuropathologiste allemand, qui a décrit la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Décrit comme un être d’exception, un penseur original doté d’un esprit indépendant, Creutzfeldt fut un homme dont la brusquerie apparente cachait une grande bonté et une profonde humilité. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il s’opposa comme il le pût au régime nazi.

Hans-Gerhard Creutzfeldt est né le 2 juin 1885 à Harbourg sur l'Elbe, près de Hambourg, il est le fils du médecin Otto Creutzfeldt. Il accomplit son service militaire à Kiel. Après des études médicales dans plusieurs universités : Iéna, Rostock et Kiel, il se consacre à l'anatomie pathologique avec Morris Simmonds tandis qu'il préparait sa thèse de doctorat sur les tumeurs de l' hypophyse. Il est reçu à son doctorat en 1909, à Kiel, avec une thèse publiée sous le titre: "Ein Beitrag zur ils normalen und ils pathologischen Anatomie der Hypophysis cerebri des Menschen". Il a fait une grande partie de ses stages à l'Hôpital Saint George à Hambourg.

Entre 1910 et 1912, il s'engage comme chirurgien à bord d'un bateau de marine marchande, voyageant particulièrement dans l'Océan Pacifique, où il eut l'occasion d'étudier les maladies tropicales, la linguistique et les plantes tropicales. Creutzfeldt Hans Gerhard

A son retour en Allemagne, Creutzfeldt travaille à l'Institut Neurologique à Francfort avec Ludwig Edinger en 1912, puis à la clinique neuro-psychiatrique de Breslau avec Aloïs Alzheimer pendant deux ans. Pendant la première guerre mondiale il est officier de l'armée en Mer du Nord. Il se marie en 1917 avec Clare Sombart fille du sociologue Werner Sombart.

Pendant les années 1919-1920 il travaille avec Walter Spielmeyer à Munich ("Deutsche Forschungsanstalt für Psychiatrie") et avec Ernst Siemerling à l'Université de Kiel où il reçoit une habilitation et enfin le professorat "extrodinarius" de psychiatrie et de neurologie. Ensuite, il restera pendant 14 ans au Département de psychiatrie de la Charité à Berlin, avec Kart Bonhoeffer.

C'est à Breslau, dans le service dirigé par le célèbre Alois Alzheimer qu’il examina en 1920 une jeune femme nommée Berta E. Il rapporta alors ses observations dans l’article qui devait faire sa gloire posthume et qui s’intitule "A propos d’une singulière atteinte du système nerveux central, avec formation de foyers de dégénérescence".

Il revient à Kiel en 1938 comme directeur du Département de neuro-psychiatrie de l'Université Christian Albrechts; où il restera jusqu'en 1953. Hans Creutzfeldt avait 54 ans au moment où éclate la seconde guerre mondiale. Creutzfeldt avait peu de sympathie pour le régime Nazi et sauva la vie de quelques personnes dans les camps de concentration. Son fils Harald déserta de la marine pour s'enrôler dans la résistance contre les allemands, pour finir les 20 dernières années de sa vie en Grande-Bretagne. Le 26 novembre 1943, la court spéciale de Kiel condamna sa femme Clara Creutzfeldt, à quatre ans de prison pour paroles rancunières et malveillantes. Elle avait critiqué la Guerre Totale et, le pire de tout, le Führer lui-même. Pendant la guerre , un bombardement détruisit sa maison et sa clinique. Bien que non directement impliqué dans tous les crimes, il faisait partie du système National-Socialiste, et comme témoin expert à la cour militaire, ses rapports indiquant que le prévenu n'était pas mentalement malade, entraina certains à être exécutés.

Après la guerre, il révéla l’action particulièrement révoltante d’un de ses collègues, nommé Heyde qui joua un rôle de premier plan dans l’application des programmes nazis d’euthanasie contre les malades mentaux jugés incurables.

Entre 1945 et 1946, il fut recteur de l'Université Chritian-Albrechts de Kiel pendant six mois, avant d'être démis par les forces occupantes Britanniques.

Ses deux autres fils Otto et Werner sont tous deux médecins.

On dit de Hans Creutzfeldt qu'il était un penseur original, un homme modeste et un chrétien dévot.

Il est mort à l'âge de 80 ans le 30 décembre 1964, à Munich, après une longue agonie.

Maladie de Creutzfeldt-Jakob

On a traditionnellement attribué à Creutzfeldt et à Jakob la paternité des premières descriptions de la maladie qui porte leurs noms. Il n'est pas certain qu'ils furent les premiers à la décrire. De plus, ce fut Jakob dans le deuxième des trois travaux qu'il a publié sous le titre "Uber eigenartige Erkrankungen des Zentralnervensystems mit bemerkenswertem anatomischen Befunde", qui, se référant à l'article de Creutzfedlt, a indiqué que l'histoire clinique relatée par celui-ci était nosologiquement semblable si non identique à celles qu'il avait exposées. Tous les deux publièrent durant les années vingt du siècle passé la description de quelques patients avec des syndromes neurologiques complexes qui évoluaient rapidement et qui en apparence ne correspondaient à aucune entité connue jusque là. Creutzfeldt publia en 1920 le cas de Bertha Elschker, une femme née en 1890 et qui est décédée en 1913 après avoir souffert d'une maladie du système nerveux qui dura autour de dix-huit mois. Il semble qu'elle avait présenté précédemment des antécédents de maladie neuro-psychiatrique et que ses deux sœurs aînées étaient aussi atteintes de troubles psychiatriques, ce qui fit penser certains que peut-être ce qu'a décrit Creutzfedlt était le dernier épisode d'une maladie impliquant un certain facteur génétique. L'autopsie a révélé une dégénération étendue de la substance grise, avec des modifications neuronales diffuses et gliose astrocytaire.

Pour sa part Jakob a publié, indépendamment des cas mentionnés, deux autres cas qui ont été estimés être la même maladie. Durant les années quatre-vingt du siècle passé, C. L. Masters a revu les préparations de ces derniers qui étaient conservés dans le département de neurologie de l'Université de Hambourg et a considéré que seuls le deuxième et le cinquième correspondaient à la maladie. L'un d'eux appartient à une femme de 38 ans (Auguste Hoffmann) qui est décédée en janvier 1922 dans un état de démence profonde après une évolution de quatorze mois, qui s'était caractérisée par bouleversement mental, dysarthrie et myoclonies, qui ont été suivi d'une détérioration progressive moteur générale. Dans la description anatomo-pathologique Jakob mentionne l'existence de dégénération vasculaire dans le cortex cérébral, uni à une prolifération astrocytaire et à une dégénération neuronale.

Beaucoup de médecins pensent aujourd'hui que la dénomination de "maladie de Creutzfedlt-Jakob" (CJD) devrait être remplacée par celle de "maladie de Jakob-Creutzfedlt". Durant les dernières années la première dénomination s'est imposé dans la société, par l'intermédiaire des moyens de communication. Il faut ajouter aussi que l'éponyme (Creutzfeldt–Jakob–Krankheit) n'est pas d'utilisation récente puisqu'il a été utilisé pour la première fois en 1922 par W Spielmeyer.

Quelques épidémiologistes tentent de recenser tous les cas enregistrés, mais les confusions sont fréquentes, car la maladie est difficile à caractériser, ce qui a contribué à ralentir l'élaboration des connaissances. Le cerveau des malades est criblé de trous comme une éponge. D’où le nom "d’encéphalopathie spongiforme", donnée à cette maladie qui prendra ensuite le nom de ses découvreurs.

Aujourd'hui, on qualifie de "sporadique" cette forme déjà ancienne d'affection encéphalique, par opposition aux formes familiales (ou génétiques) et iatrogènes, c'est-à-dire acquises au cours d'un acte médical : vaccination, hormonothérapie .

Depuis 1996, une nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob a fait son apparition. Elle touche des individus plus jeunes, et dérive de l'encéphalopathie spongiforme bovine (maladie de la vache folle). Elle peut être contractée par la consommation de viande de bovins malades.

 

Sources

- José L. Fresquet, Instituto de Historia de la Ciencia y Documentación (CSIC-Universidad de Valencia), España. (Enero, 2005)

- Who Named it?