Marie Marguerite BIHERON

1719 - 1795

Femme anatomiste

Au siècle des Lumières, Mademoiselle Marie-Marguerite Biheron s'est rendue célébre de nos jours, par une étude particuliere de l'anatomie qu'elle a étudiée sur la nature même, d'après laquelle elle a formé des modèles artificiels de cire qui étonnèrent par leur vérité.

Marie Marguerite Biheron,- et non Marie-Catherine comme on l'a cru depuis 1811, - est née à Paris le 17 novembre 1719.

Fille d'un apothicaire originaire de Mamers dans la Sarthe et installé à Paris, elle étudia d'abord le dessin avec la célèbre Madeleine Basseporte. Celle-ci lui conseilla de s'exercer à la préparation des pièces artificielles d'anatomie. Quelque rebutant et quelque désagréable que ce travail fût pour une femme, Mademoiselle Biheron s'y livra avec courage, fit, pour se former, un voyage à Londres, où elle se forma auprès de Hunter et de Hewson, et fabriqua un corps féminin de cire qui s'ouvrait sur des organes amovibles. Elle se heurta à l'hostilité du corps médical, à l'exception de Jussieu et Villoison.

Mais la réelle question est de savoir comment réussit-elle à s'enquérir de cadavres et de pratiquer ensuite la dissection? Seuls des passe-droits de sexe masculin avaient ce pouvoir...

Elle vit ses efforts couronnés du succès le plus complet. Elle était parvenue à faire un corps entier de femme qui s'ouvrait, et permettait d'examiner les parties intérieures qu'on pouvait déplacer et replacer à volonté.

Elle avait formé, de sa composition, en cire, un cabinet qu'elle montrait an public, et ce fut elle qui, détaillant aux yeux d'un célèbre athée la continuelle correspondance de causes et d'effets qui compose et soutient notre organisation, ajouta :

« Eh bien, marchand de hasard, avez-vous assez d'esprit pour nous faire concevoir que le hasard en ait tant ? »

Marie Marguerite Biheron a joué un rôle essentiel dans l'évolution des idées, en ce qui concerne la transmission et l'utilisation des connaissances anatomiques, contribuant à rendre inéluctables certaines grandes réformes qui seront réalisées, sous la Convention, dans le domaine de l'enseignement de la médecine et de la chirurgie.

Dans son cabinet d’anatomie à Paris, pour trois francs, elle montre sa création aux curieux, comme d’Alembert ou Diderot, qui pouvaient bénéficier de ses cours, qui associaient théorie et pratique expérimentale.

Elle rencontre Benjamin Franklin lors de son voyage à Paris (1767), avec lequel elle collabora étroitement dans la rédaction de ses Oeuvres (1773). Elle lui a envoyé le discours de Malesherbes contre la suppression des parlements (1772). Elle a également réalisé des modèles pour des champignons avec son proche ami Jacques Barbeu-Dubourg, qui seront décrits dans Le Botaniste (1767). Elle a accompagné Jonathan Williams lors de sa visite à Paris (1775).

Elle effectue des voyages régulièrement vers Londres.

Les principales pièces de son cabinet étaient relatives aux accouchements, et bien inférieures à celles qu'ont faites ensuite Puison et Laumonier : elle n'imitait pas les parties délicates.

Elle disparaît en 1795.

L'ensemble de ces pièces d'anatomie est vendu, par la suite, à l'ambassadeur de Russie pour Catherine II.

Sources

- « Marie Catherine Biheron », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865

- Georges Boulinier : Histoire des Sciences Médicales (2001)