Jean-Louis BAUDELOCQUE

1745-1810

Médecin accoucheur

Jean-Louis Baudelocque titulaire de la première chaire d'enseignement de la Maternité de Port-Royal fit de l'obstétrique une discipline scientifique.

Jean Louis Baudelocque est né le 30 novembre 1745 à Heilly dans la Somme, en Picardie. Son père Jean-Baptiste Baudelocque est chirurgien, sa mère est Anne-Marguerite Levasseur. Il est le troisième d'une famille de dix enfants. Jean-Louis Baudelocque

Il se marie le 5 avril 1777 avec Andrée Vullier ou de Rullie qui décèdera en janvier 1787.

Il se remarie le 14 septembre 1788 avec Marie-Catherine-Rose Laurent dont il aura cinq enfants

Jean-Louis Baudelocque, Médecin-accoucheur et membre de l'Académie de médecine fut conseiller de l'Académie de chirurgie et professeur à la Faculté.

Deux chirurgiens accoucheurs célèbres écrivent des traités : Mauquest de la Motte (Traité des accouchements, 1765) et Baudelocque (Principes sur l'art d'accoucher, 1775, la bible de plusieurs générations d'accoucheuses).
Ils conviennent tous deux qu'il faut adopter l'exercice de la chirurgie, les habitudes du lieu où l'on exerce et souhaitent au moins que par de douces paroles, on réconforte la parturiente.

Au moment de la révolution, l'obstétrique continue à être sous la dépendance de la chirurgie et Baudelocque ne sera pas moins célèbre que son prédécesseur Levret. En 1798 (an VII), trois chaires d'accouchement (deux théoriques pour les étudiants et les sage-femmes) et une clinique furent prévues lors de la création de l'École de Santé à Paris. Cette dernière ne fut créée qu'en 1833 et les deux chaires théoriques, l'une revint à Alphonse Leroy (1742-1816), un rescapé de l'ancienne Faculté de Médecine. La seconde fut donnée à son ennemi Jean-Louis Baudelocque membre de l'Académie Royale de chirurgie. Il fut nommé chirurgien professeur en chef à la Maternité. La réputation de la maternité qu'il crée à Port-Royal, comme celle de son école de sage-femmes, ne sont plus à faire, aujourd'hui encore, après plus de deux siècles d'existence.

Port-Royal (maternité)

Cependant, , il ne sera pas nommé professeur on lui préférera un incapable du nom de Leroy, dont il devint simplement l'adjoint. C'est cependant Baudelocque qui attirera les élèves par ses cours consciencieux et clairs, comme il attirera aussi la clientèle par sa science et sa dextérité d'accoucheur; ses capacités lui vaudront la haine de ses concurents, mais également la situation de chirurgien en chef de la Maternité.

Jean-Louis Baudelocque a été mêlé à un retentissant procès qui lui avait été intenté par Jean François Sacombe, un médecin accoucheur farouche opposant de la césarienne et défenseur des pratiques traditonnelles des sages-femmes, qui accusait Baudelocque d'infanticide. En 1804, Sacombe finira par perdre son procès.

En 1806, Napoléon nomme Jean-Louis Baudelocque titulaire de la chaire d'obstétrique, la première chaire de spécialité médicale en France. Le savoir échappe aux femmes, à qui on laisse la pratique. Baudelocque fait ainsi largement place, dans son service de la Maternité de Paris, à Marie-Louise la Chapelle, sage-femme de grande réputation. Grâce à des cours prodigués dans toutes les maternités, Baudelocque et ses successeurs ont surtout amélioré la formation professionnelle des accoucheuses.

Il a été considéré le plus éminent obstétricien français de son temps (fin du XVIIIe et début du XIXe siècle). Il fut le médecin accoucheur des reines d'Espagne, de Hollande, de Naples, et de toutes les Dâmes de la Cour. Il avait été choisi pour mettre au monde l'héritier attendu par Napoléon et l'impératrice Marie Louise. Hélas, frappé de congestion cérébrale, il n'allait pas voir naître le petit roi de Rome.

Bien que William Smellie ait décrit les principes de pelvimétrie, Pelvimétriemesurant le diamètre (interne) diagonal du bassin, Baudelocque a avancé l'importance de pelvimètrie sur le plan clinique avec l'invention du pelvimètre. le "diamètre de Baudelocque" donnait une évaluation de la mesure pelvienne postéro-antérieure, afin d'essayer de déterminer les patientes chez lesquelles pourraient être rencontrées des difficultés à la naissance. Son travail important a popularisé l'utilisation du forceps, a préconisé la césarienne, et a montré la relation entre l'infection et la stérilité après l'accouchement. Le forceps de Baudelocque est devenu populaire jusqu'en Amérique.

Jean-Louis Baudelocque est mort le 2 mai 1810 à Paris a été inhumé au cimetière de l'Ouest de Vaugirard, puis exhumé en 1937 pour cause d'expropriation au motif du percement du boulevard Pasteur actuel. Il sera alors inhumé le 17 août 1939 au cimetière du père Lachaise.

Bien que mieux connu pour son forceps et le pelvimètre externe, sa plus grande contribution fut probablement ses écrits d'obstétrique et l'enseignement de l'obstétrique à une génération de sages-femmes et de jeunes médecins. Il est l'auteur de nombreux traîtés dont:

-L'art des accouchements en 1781

-Principe sur l'art des accouchements, par demandes et réponses, en faveur des élèves Sages-Femmes de la campagne, précédé de l'éloge de l'auteur par Monsieur Leroux et d'une notice sur sa vie et ses ouvrages par monsieur Chaussier, édition Méquignon l'aîné, 1812. Scannérisation du texte de l'édition de Paris

Dans lequel on trouve les extraits suivants: (p344). Des préceptes généraux relatifs à la manière d'opérer l'accouchement contre nature ou difficile. Section 1.des préceptes relatifs à la manière d'opérer.

D-Quelles sont les précautions qu'il faut observer dans la pratique des accouchements contre-nature?

R-Parmi ces précautions, les unes regardent la situation qu'on doit donner à la femme; les autres le temps d'opérer, et la manière de le faire.

D-Qu'elle est la situation qu'on doit donner à la femme?

R-La femme doit être couchée sur le dos, et de manière que les fesses débordent un peu l'extrémité du lit. Les jambes et les cuisses seront à demi pliées, les pieds appuyés sur deux chaises, les genous pliés et tenus médiocrement écartés par des aides disposés convenablement.La tête et les épaules doivent être peu élevées; et d'autres aides fixeront encore la femme de ce côté, si cela est nécessaire, pour l'empêcher de se retirer vers le haut du lit quand on introduira la main dans la matrice. On la couvrira d'un drap et même d'une couverture si c'est en hiver, soit pour la défendre du froid, soit pour ne pas l'exposer aux yeux des assistans et de l'opérateur même.......

D-Quel est le moment le plus favorable pour opérer l'accouchement?

R-Le moment le plus favorable est celui où la dilatation de l'orifice de la matrice est complète, et celui de l'écoulement des eaux de l'amnios,[...] La matrice, après l'écoulement des eaux, se contracte plus fortement, se resserre sur l'enfant, et l'embrasse si étroitement, qu'il est extrêmement difficile, en quelques cas , d'y introduire la main, de retourner l'enfant et de l'en dégager.

D-Faut-il toujours attendre que la poche des eaux s'ouvre d'elle même pour opérer l'accouchement?

R-Non, il y a des cas où les membranes sont si dures, qu'elles ne peuvent se déchirer d'elles-mêmes, ou ne le feroient que très-tard.On attend seulement que l'orifice de la matrice soit bien dilaté....

 

Baudelocque a laissé son nom à la maternité de Port-Royal à Paris.