Portraits d'ardéchois

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Firmin GAMON


1806 - 1894

Républicain, démocrate socialiste

Un autre Gamon prénommé Firmin, était un "chef de bande" pendant l' insurrection de 1851.

Né à Antraigues (Ardèche) en 1806,. fils d’un juge de paix à Antraigues, (Emmanuel Gamon, décédé en 1830), il est le beau-frère d’un conseiller de préfecture, le docteur Victorin Mazon. Propriétaire ou propriétaire-rentier selon les documents, et démocrate-socialiste.

1849 : Profession de foi de Firmin Gamon

Firmin Gamon est l’auteur d’un petit opuscule analysant l’échec de la révolution de Février. C’est un républicain extrême et extrêmement convaincu. Le 14 juin 1849, il s’adresse aux Républicains de l’Ardèche dans une profession de foi à l’occasion des élections partielles de juillet 1849. "La situation exige aujourd’hui des citoyens à conviction tranchée, des hommes qui n’hésitent pas entre la République et la mort, j’entends la République avec toutes ses conséquences". (Arch. dép. 2M338). Profession de foi de Firmin Gamon d’Antraigues, le 14 juin 1849 aux Républicains de l’Ardèche.

Il fait acte de candidature le même jour : candidature à l'Assemblée législative, datée du 14 juin 1849, et commençant par ces mots : "Républicains de l'Ardèche, vous avez encore un représentant à élire..."

Coup d'État du 2 décembre 1851

En décembre 1851, le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, légitimement élu en décembre 1848, prolonge son mandat par un coup d’É́tat. Cet évènement parisien eût des répercussions dans les campagnes de plusieurs départements de province. Les réactions engendrées par ce coup d’É́tat sont décrites comme "des insurrections pour la République", pour la défense du principe républicain et de la constitution violée à Paris par le président en exercice.

Antraigues et ses environs sont le berceau des familles Gamon, Terrasse et Gleizal. Au lendemain du 2 décembre 1851, Firmin Gamon et Ferdinand Terrasse mobilisent les populations afin de les convaincre de marcher pour la défense de la constitution républicaine.

Tentative d'insurrection en Ardèche

En Ardèche, il y eut des mouvements insurrectionnels dans quatre secteurs du départements :1- Le Teil ; 2- Vals et ses environs, le col d'Aizac et Antraigues ; 3- Les Vans, Largentière et Vallon ; 4- enfin la vallée du Rhône avec, pour points de ralliements, Saint-Laurent-du-Pape, La-Voulte et Beauchastel.

Aidé par un médecin de Largentière (sans doute Victorin Mazon (1796-1861) le père du célèbre Albin Mazon, Firmin Gamon tenta de soulever le canton d'Antraigues dont il était originaire. Mais il ne réussit qu'à saccager la maison du maire du village, pour y saisir le tambour et le drapeau de la garde nationale. Salomon, maire d'Antraigues, qui était en conflit d'intérêts avec son père, raconte le pillage de son domicile qui fut envahi par une douzaine d'hommes armés que commandait Firmin Gamon, fils du juge de paix. "Nous devons à ce misérable" écrira le maire le 12 décembre "tous les malheurs de notre canton, en faisant usage de son rang et de son influence en tant que fils du juge de paix et de son beau-frère responsable préfectoral".

Les élections de 1849 dans ce canton donnèrent une forte majorité à la gauche, ce qui n'empêcha pas Antraigues et ses villages de voter massivement le 10 décembre 1848 pour Louis-Napoléon Bonaparte et d'approuver encore plus massivement le coup d'État au moment du plébiscite.

- 6 décembre : mobilisation

À Antraigues, Firmin Gamon, le fils du juge de paix et Ferdinand Terrasse, l’ancien maire de Genestelle, mobilisent les populations. Firmin Gamon parcourt les rues d’Antraigues en criant "du courage, il faut tous marcher". Le quartier général est installé dans l’auberge de Ferdinand Gleizal, limonadier à Antraigues. Il témoigne : "Gamon et Ferdinand Terrasse, de Genestelle, ont passé une partie de l’après-midi dans mon café où ils ont bu de l’eau de vie et du vin. Gamon était armé de deux pistolets et d’une flasque suspendue à une bandoulière rouge. Terrasse était armé d’un fusil "pour défendre les armes à la main, la constitution qui avait été violée".

"D'Antraigues à Vals", récit de Victor Haon, 45 ans, propriétaire à Antraigues : "dans la journée du 6 décembre, Firmin Gamon a parcouru les rues d’Antraigues en criant "du courage, il faut tous marcher". Dans la soirée, je le vis armé d’une carabine et d’un pistolet. Il fit battre la générale. J’ai reconnu Ferdinand Terrasse de Genestelle et Joanny du même lieu".

Dans l’après-midi, Firmin Gamon mobilise les populations. Un QG est installé dans l’auberge de F. Gleizal jusqu’à 20h.

Vers 20 heures, Firmin Gamon donne le signal du départ et la troupe, composée d’une vingtaine d’hommes, se dirige vers la maison de Jean-Louis Salomon, le maire d’Antraigues. La maison est investie et Firmin Gamon tient en substance le même discours que François Mazade à Saint-Andéol-de- Bourlenc :

"Il n’y a plus de maire, il n’y a plus de gouvernement, nous le sommes. Nous voulons sur-le-champ le drapeau et le tambour de la garde nationale. Nous allons faire battre la générale".

- 7 décembre : les préparatifs s'organisent

Avant midi : Gamon mobilise la population.

Au cours de cette journée, Firmin Gamon n’avait pas chômé. Dès la sortie de la messe, il avait mobilisé la population de Saint-Andéol-de-Bourlenc en faisant battre le tambour. En compagnie de Jacques Boyer, ils récupèrent des armes dans les maisons et enrôlent les hommes dans le groupe. À ceux qui protestent, en demandant en vertu de quel ordre ils seraient obligés de suivre, il leur est répondu : "En vertu d’un bon ordre, tous vos voisins partent, il ne faut pas se laisser mettre le pied dessus".

Soirée du 7 décembre :
Au sud de Privas, Saint-Michel-de-Boulogne est en effervescence. Attente des « chefs » de l’insurrection : Gamon, Bonnaure, Dusserre, Vigouroux.
Au nord de Privas, la jonction est prévue avec les hommes en provenance d’Alboussière et de Saint-Péray.

- 8 décembre : échec de la rébellion

Le 8 décembre, la tranquillité règne à nouveau alors que, selon le préfet, plus de 15 000 individus avaient pris les armes les jours précédents.

Le préfet mentionne dans son rapport adressé le 13 décembre au ministr : ,tout est tranquille, si ce n’était les "factieux du canton de Vallon" qui avaient profité de la situation pour couper un nombre considérable d’arbres. Les souvenirs de Léon Chevreau, chef de cabinet de son frère, confirment cette quiètude : « dès le 10 décembre, on pouvait dire que la tranquillité était rétablie complètement dans l'Ardèche".

Élie Reynier, s’appuyant sur les crimes du 2 décembre de Victor Schœlcher, fait encore état d’une escarmouche à La Voulte, le 11 décembre, entre un groupe d’hommes en provenance de Jaujac et un corps de voltigeurs commandé par Avias.

Sources

 

- "Résister en décembre 1851 en Ardèche ; essai d'histoire sociale d'une insurrection", par Éric Darrieux, Thèse de doctorat d'Histoire, 14 décembre 1807.

- Dictionnaire biographique, Le Maitron, Mouvement ouvrier mouvement social